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Sans QG militaire, un handicap opérationnel pour l’approche globale de l’UE

(BRUXELLES2 à Wroclaw) Le vice-ministre britannique de la Défense, Gerald Howarth, a tenu à réitérer la position classique du Royaume-Uni sur le QG militaire européen lors de la réunion informelle de Wroclaw. Cette structure pose un problème institutionnel, alors qu'il y a d'autres priorités, a-t-il expliqué. Il existe aussi un risque de duplication avec les autres structures existantes et au final un certain coût, alors que les priorités sont ailleurs, notamment en termes de capacité. La position britannique n'a été soutenue ouvertement que par un ou deux pays, semble-t-il. La Lettonie notamment, la Bulgarie également, ont exprimé quelque doutes sur la nécessité de mettre en place une nouvelle administration.

Des Britanniques isolés, évolution possible

Malgré cette déclaration, haut et fort, des Britanniques, on peut sentir une « possible évolution de la position à Londres » a précisé le ministre allemand de la Défense après la réunion lors d'un "débriefing" avec la presse. Un sentiment, un peu, partagé au niveau européen. « Les paroles sont des paroles » explique un diplomate européen à B2. Ce n'est pas vraiment le fait d'être assez isolé sur la scène européenne qui pose du souci aux Britanniques. Au contraire. Mais voir une coopération structurée permanente se mettre en oeuvre autour de ce projet, sans y participer, est un risque malgré tout qu'ils peuvent redouter.

Une nécessité très pratique

Le service européen d'action extérieure a tenu à défendre ce projet. « La question n'est pas vraiment d'avoir un bâtiment avec une grosse plaque dessus ». « Mais de pouvoir mener à bien la politique d'approche globale. Ce défaut (d'un QG opérationnel militaire) affecte notre capacité d'approche globale » comme l'a expliqué le chef d'Etat-Major de l'UE, le général Håkan Syren, lors de la réunion, de façon très pragmatique. On nage, en effet, en plein paradoxe. A chaque crise, le militaire qui est normalement l'élément le plus réactif, est en retard. « L'élément économique (développement, etc...) de la Commission européenne se met en branle, lentement, mais sûrement. L'élément de gestion de crise civile, géré par la CPCC, est présent ». Mais pour le dernier élément, militaire, il « faut attendre une décision politique qui va désigner un OHQ national compétent pour mener à bien le travail de planification opérationnelle. Résultat... nous avons au minimum un retard de 15 jours ou 3 semaines ».

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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