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Un nouveau contrat de “paix et de sécurité” avec l’Afrique

(crédit : Elysée)
François Hollande à la séance d'ouverture du sommet Paix et Sécurité en Afrique (crédit : Elysée/B2)

(BRUXELLES2 - à l'Elysée) C'est à l'ombre du portrait de Nelson Mandela que le président français, devant plus de 40 dignitaires africains réunis à l'Elysée, a délivré un discours qui se veut comme une refondation des liens entre la France et l'Afrique pour maintenir la paix et la sécurité sur le continent, appelant à une « alliance exceptionnelle » entre l’Afrique et l’Europe « au service de la paix, du développement, et de l’avenir de la planète ».

De "gendarme" à "pompier" 

Les interventions françaises au Mali il y a un an et maintenant en République centrafricaine sont « lourdes financièrement » et démontrent la nécessité que les Africains se dotent d'une capacité de défense commune. « L'Afrique doit maîtriser pleinement son destin et pour y parvenir assurer pleinement par elle-même sa sécurité » a affirmé le président français dans son discours d'ouverture. Un avis partagé par le président guinéen Alpha Condé, pour qui il n'est « pas normal » que « la France soit obligée d'intervenir en pompier pour nous sauver ».

Une nécessité : préparer les forces africaines

François Hollande appelle chacun à « regarder (la vérité) en face ». « Chacun sait qu’il y a des insuffisances, des manquements, des fragilités et qu’il y a une nécessité de préparer les forces africaines à répondre à toutes les menaces et à pouvoir se doter, dans leurs organisations régionales ou au niveau de l’Union africaine, des moyens indispensables pour assurer la sécurité des Africains. »

Faire face au terrorisme

Face au terrorisme qui se fait jour de la Somalie au Sahel, le président français  appelle à « un nouveau partenariat sur le plan de la coopération militaire », avec plusieurs priorités : « le conseil, la formation, l’équipement, le renseignement ». « Ces groupes disposent désormais de moyens considérables, venus de tous les trafics, ont accès à des armes de grande sophistication, que même des Etats souverains ne parviennent pas à acquérir. » L'objectif est que « les armées africaines puissent être dotées de tous les moyens leur permettant de faire face » au terrorisme.

Un engagement : 20.000 militaires formés par an

Un point clé de la proposition française est la création d'une « force de réaction rapide sous l'égide de l'Union africaine ». Ce qui « exige des moyens de commandement et de renseignement ». « C’est la responsabilité des Africains » a précisé Fr. Hollande. Mais la France est prête « à apporter tout son concours à cette force ». 1°) « par la mise à disposition de cadres militaires, auprès de ses états-majors » ; 2°) « par les actions de formation. La France peut entraîner chaque année, si vous en décidez, 20 000 soldats africains. »

Face à la piraterie : une structure commune

Dernier aspect sécuritaire du discours : la piraterie. La France est « prête » à soutenir la stratégie maritime intégrée définie par l’Union africaine. Elle est prête à constituer « une structure commune pour coordonner vos actions en mer ».

Commentaire (NGV) : une Europe en pointillé ?

On voit ainsi renaître le projet Recamp - comme Renforcement des Capacités Africaines de Maintien de la Paix - qui avait été transféré au niveau européen sous le nom de EuroRecamp et dont la dynamique a été un peu perdue, il faut le reconnaître, à la création du SEAE, le service diplomatique européen, malgré le louable effort de quelques-uns. Une Europe qui reste assez absente du discours présidentiel français, malgré la présence lors de ce sommet de Herman Van Rompuy (pour le Conseil européen) et José-Manuel Barroso (pour la Commission européenne). Pas un mot prononcé sur les missions EUTM Somalia et EUTM Mali qui répondent justement à cet objectif de formation et de structuration des armées africaines. Ce n'est que par le détour d'une phrase, plutôt sybilline que l'UE retrouve sa marque à propos d'une « Europe, (qui) je le sais, sera au rendez-vous » « pour montrer, non seulement sa solidarité à l’égard du continent ami, mais également une responsabilité dans la mise en commun de moyens et de forces ».

(Leonor Hubaut à l'Elysée & Nicolas Gros-Verheyde à Bruxelles)

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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