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Jaap de Hoop Scheffer: après l’Otan, le moutain bike ?

(BRUXELLES2) Jaap de Hoop Scheffer passera la main à la fin juillet à son successeur désigné par les 28 Etats membres de l'OTAN en avril dernier, Anders Fogh Rassmussen, l'ancien Premier ministre Danois. A l'occasion d'une séance académique consacrée au concept stratégique de l'OTAN, au Palais d'Egmont à Bruxelles, le secrétaire général de l'Alliance atlantique a répondu, une dernière fois, aux journalistes qu'il avait convié à le suivre, dans une petite salle. Point intéressant sur les relations entre l'Otan et l'UE.

"Je suis un grand supporter de la PESD" (la Politique européenne de sécurité et de défense) a-t-il ainsi expliqué. "Il faut bien voir que ce sont les mêmes nations qui sont membres de l’OTAN et l’UE. Je ne crois pas à une division du travail entre l’OTAN et l’UE en disant que le soft power est réservé à l’UE et le hard power à l’Otan. Ce n’est pas suffisant. Il peut y avoir des cas où l'UE conduise une opération de haute intensité. L’UE peut faire du hard power, du smart power (1), elle très qualifiée pour cela. » Les relations entre l’Otan et l’UE sont et resteront marquées par « une attention politique mutuelle. » Pour lui, « l'OTAN ne va trop loin (dans son développement ou ses missions). Elle ne va pas se développer en une organisation qui va faire trop, nous restons une alliance politico-militaire. » Et « Le modèle de  coopération Berlin Plus n'est pas obsolète. » Sur la situation en Afghanistan, il reste assez disert, même s'il voit un « danger à avoir un trop grand gap entre les forces américaines et les autres ».

Une fierté : la réintégration de la France dans les structures militaires de commandement de l'OTAN. C'est une « grande réussite de son mandat. J'en suis très fier ». Que la France soit dans les structures de planification de l'Alliance est « très important au moment où se dessine un nouveau concept stratégique, pour l'Otan comme pour la France ».

L'avenir : Haut Représentant ou le moutain bike ? Quant à son avenir, Jaap de Hoop Scheffer reste discret. « Je vais faire du Moutain
bike
». Et, ensuite ? il se voit bien retourner à
« l’enseignement dans la politique internationale ». Se voit-il un destin de l'autre coté de
Bruxelles, près du Rond-Point Schuman, en clair, comme Haut-Représentant pour la politique étrangère de l'UE ? L'intéressé reste souriant, énigmatique, n'affirme rien... mais ne dément rien non plus. Ce qui en soi est une reconnaissance, au moins de l'intérêt pour le poste (sur les discussions aux Pays-Bas sur le représentant à la Commission européenne). J'insiste un peu : « D'abord le moutain bike » me répond-il.
James (Appathurai), le porte-parole de l'OTAN me fait comprendre que c'est terminé... Un peu entêté, je tourne autrement la question, en dehors de la salle : « la place Schuman (où siègent la Commission européenne comme le Conseil de l'UE, c'est très bien pour faire du Moutain Bike ? L'intéressé reste souriant. Le vélo, voilà l'avenir...

(1) Une notion remise au goût du jour par l'administration Obama qui en fait son cheval de bataille. HIllary Clinton le définit comme le pouvoir de l’intelligence’, de pouvoir déterminer parmi une palette d'outils (diplomatique, économique, militaire, politique, légal,  culturel...) lequel est le mieux adapté. On peut lire avec profit une étude de la Fondation Robert Schuman sur ce sujet

(2) Romano Prodi - président de la Commision européenne de 1999 à 2004 - pratiquait aussi le vélo, souvent de concert avec Guy  Verhofstadt, l'ancien Premier ministre belge.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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