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Faut-il un cabinet militaire auprès de la Haute représentante/VP de la Commission ?

(BRUXELLES2) La structure européenne n'intègre pas encore vraiment les militaires dans sa structure dirigeante. Il pourrait être intéressant d'examiner dans quelle mesure un "cabinet militaire" qui ferait pendant au cabinet civil" ne serait pas nécessaire ? Certains experts ou responsables me diront sans doute: "cela existe dans les faits". Le président du comité militaire est, ainsi, le "conseiller militaire" de la Haute représentante. Et c'est une réalité qui semble confirmer, le général Des Rousiers semble avoir davantage "l'oreille" que celle de son prédécesseur général Syren. Question de caractère sans doute, d'époque également. Mais cela ne semble pas suffire.

Aux cotés du cabinet civil

De la même façon que chaque représentation permanente des Etats membres est dotée d'une structure proprement militaire, cohabitant avec la structure civile, il parait nécessaire de structurer une présence autour du Haut représentant. Celle-ci (celui-ci) dispose déjà d'un cabinet civil qui a en charge les questions de la commissaire en charge des relations extérieures (C. Ashton), gère aussi toutes les questions et sujets politiques d'un commissaire (des OGM à la régulation financière en passant par l'explication "maison" du discours de Cameron) que la fonction du Haut représentant.

Une expertise disponible pour la Commission

La présence d'un cabinet complet de gestion de crises, avec un chef de cabinet, serait d'une part la démonstration d'une volonté politique de hisser ces questions au même rang que d'autres sujets. La présence d'un chef de cabinet "militaire" aurait aussi le mérite de dégager de tous ces sujets le "cabinet" civil. Elle permettrait aussi la présence, au sein de la réunion de la Commission, si nécessaire d'un représentant militaire. Ce qui n'est pas totalement inutile. Car si les questions de "sécurité" étaient anecdotiques dans le passé dans la machinerie communautaire, elles vont devenir de plus en plus nombreuses sur l'agenda du collège que ce soit le Mali ou le terrorisme aujourd'hui, la Syrie et le Moyen-Orient demain, voire l'utilisation d'armes bactéoriologiques ou chimiques quelque part dans le monde. Il est bon que l'expertise "technique" militaire remonte au plus haut niveau de la structure politique européenne qui est, institutionnellement, à l'origine de toutes les initiatives de décision ou de législation.

Mise en place sans recrutement supplémentaire

Ce faisant, la structure européenne n'inventerait rien de moins que ce qui existe au niveau national, variant selon l'organisation de chaque Etat (cabinet militaire auprès du Président de la république en France). Ce cabinet ne nécessite pas de recruter des effectifs supplémentaires. Il suffit de puiser dans les équipes déjà constituées.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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