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La Suède veut renforcer la coopération de l’UE dans la surveillance maritime

(BRUXELLES2 / A Göteborg) La surveillance maritime concertée, c'est une nécessité à la fois pour accroitre la sécurité des transports maritimes, pour contrôler l'immigration et la traite des êtres humains ou lutter contre les pollutions marines. Or, chaque pays de l'UE a son propre système. Pour ne pas dire ses propres systèmes. A l'intérieur de chaque pays, les compétences sont, en effet, fragmentées : entre la police, les inspecteurs de sécurité maritime, de pêche, les douanes.... Et l'échange d'informations entre tous ne fonctionne pas vraiment bien.
Les Suédois entendent bien profiter de la présence des ministres de la Défense de l'UE en réunion informelle à Göteborg pour inciter les Européens à prendre modèle sur ce qu'ils ont commencé à faire dans la Baltique en matière de surveillance maritime avec quelques pays (le SUBCAS).



visualisation des bateaux sur la zone sur l'écran de l'ordinateur (© NGV)

Le système SUBCAS en oeuvre dans la Baltique. A l’aide d’une démonstration, ils ont montré leur système qui relie déjà  la Suède, la Finlande et le Danemark. Sur un dispositif informatique, en temps réel, chacun peut ainsi avoir les informations des navires en mouvement dans la mer. A l'aide d'une base de données, et des signalements AIS fait par les navires, il est possible de visualiser sur une carte, plus ou moins précise, les mouvements des bateaux en cours. En cliquant simplement sur le petit triangle qui identifie chaque bateau, on obtient toutes les données que celui-ci a rentré, et même des photos. « Ce n'est pas tout à fait le système de "chat" sécurisé mis en place sur l'opération anti-pirates "Atalanta". Mais cela revient au même. Les systèmes informatiques de chaque pays sont interconnectés » explique le commodore Pasi Kristian. A terme, tous les Etats de la région devraient le rejoindre (l'Allemagne, les pays Baltes, la Pologne). Pour l'instant, les « informations ou notifications reçues de ces pays (ou envoyées) ne sont pas faites de façon automatique mais de manière manuelle ». Les Suédois espèrent aussi « convaincre » les Norvégiens qui n'ont, pour l'instant, pas vraiment donné de réponse. Quant aux Russes, en fait, ils ne semblent pas trop intéressés, ou plutôt les Suédois ne semblent pas trop pressés de les intégrer dans le système.



démonstration et explication aux membres des délégations du dispositif Subcas (© NGV)

Pas un nouveau dispositif. « Il ne s'agit pas de recréer un nouveau mécanisme ou une institution. Il s'agit de mettre en commun nos moyens, de partager nos informations » justifie le Ministre suédois de la Défense, Sten Tolgfors. « L'objectif n'est pas d'avoir un grand système européen - complète un autre participant à la réunion - mais plutôt d'avoir par zone maritime (Méditérannée, Atlantique, ...) - un dispositif analogue qui regroupe les pays riverains. » Il semble ainsi y avoir un consensus pour avancer sur cette question, même si plusieurs pistes sont possibles, tant les intérêts semblent nombreux.

A suivre. Pour le volet militaire et industriel, un groupe de travail, composé de cinq amiraux 3 étoiles à la retraite, planche sous l'égide de l'Agence européenne de la défense devrait rendre un rapport prochainement (23 novembre) présentant des premières pistes de travail. Le rapport complet suivra en 2010. Pour le volet civil, la Commission européenne devrait également publier, le 14 octobre, une communication sur la surveillance maritime. Le dossier reviendra sur la table des ministres de la Défense et des Affaires étrangères au Conseil des ministres "jumbo" du 17 novembre. Mais, sans conteste, ce dossier devra aussi être traité par les ministres des Transports, de la Pêche ou de l'Intérieur.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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