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Le retrait néerlandais d’Afghanistan, signe d’une guerre qui a trop duré

DrapeauAbaisseUruzgan169905-Nl100801.jpg(BRUXELLES2) Le retrait du contingent néerlandais des forces de l'OTAN en Afghanistan (1) s'accélère, aujourd'hui avec la remise des clés du Kamp Holland. Certes, il ne signifie pas la fin de la mission de l'Alliance Atlantique dans la région. Loin de là ! Mais il marque incontestablement un tournant. C'est, en effet, la première fois qu'un contingent de cette importance (2000 hommes) - un contingent d'un pays, "fidèle à la ligne", sans état d'âme - se retire.

Ce retrait porte la marque d'une division gouvernementale, mais aussi le reflet de la lassitude des opinions publiques. Et il arrive à un moment bien critique pour l'ISAF - la force internationale de stabilité dirigée par l'OTAN : juste après que son chef des opérations, le général américain McCrystal ait été démis de ses fonctions pour propos non appropriés (2) et que le serveur Wikileaks ait répandu dans la nature 77.000 documents, secrets, qui révèlent l'intensité de la guerre (lire : l'Effet Wikileaks).

Neuf ans après le début de l'opération, tous les doutes sont aujourd'hui permis sur la pertinence d'un tel engagement et la stratégie suivie jusqu'ici par l'Alliance Atlantique. Et il est temps qu'un débat politique sur la question s'amorce : c'est une nécessité stratégique avant tout pour permettre à cet engagement humain et financier de ne pas rester lettre morte (3).

Ce retrait ne sera pas en effet le dernier. Le Canada a déjà décidé de retirer ses troupes mi-2011 du pays. Et la Pologne envisage de suivre le mouvement, à l'horizon 2012, le nouveau président de la République, Bronislaw Komorowski, l'ayant promis lors de son élection (4). Quant au Royaume-Uni, le débat est déjà engagé après les prises de position du ministre de la Défense Liam Fox (5) et du Premier ministre Cameron.

Dans d'autres pays (Belgique, Allemagne, Finlande...), le débat pourrait se rouvrir. D'autant que la crise économique qui frappe la plupart des économies des pays industrialisés oblige à faire des choix drastiques. A l'heure des coupes budgétaires, il sera difficile de faire perdurer un effort intensif en Afghanistan au-delà d'un ou deux ans alors que les budgets d'investissement, de fonctionnement et d'opérations sont taillés en pièces.

Je ne parierai pas "1 euro" que d'ici la fin de l'année d'autres décisions semblables soient annoncées.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) Les Néerlandais quittent l'Afghanistan, sans leurs interprètes

(2) Mc Chrystal tire à vue sur Biden. Les Français, aussi, en prennent ...

(3) Un calendrier de retrait: la seule façon de gagner la guerre en Afghanistan ?

(4) Le retrait des troupes polonaises d'Afghanistan n'est plus tabou

(5) Pour les Britanniques, le retrait au bout du fusil ?

(Photo : ministère néerlandais de la Défense)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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