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José-Manuel prend, à son tour, la plume et présente son “plan pour le Pakistan”

(BRUXELLES2) La réponse du loup à la bergère (ou le contraire, c'est selon) n'a pas tardé. Après la missive, un tantinet comminatoire de Nicolas Sarkozy à la Commission européenne (1), voici la réponse du président de la Commission qui se défend de toute lenteur. "Le drame du Pakistan nous touche tous" écrit-il. Puis, piqué au vif, il argumente : "la Commission européenne a été la première à réagir (le 30 juillet), et à augmenter (le 11 août), les fonds alloués au Pakistan, (...) mes services ont travaillé d'arrache-pied (...). Les services de la DG Echo (Office d'aide humanitaire) sont en en train de démontrer leur professionnalisme et leur efficacité à répondre aux grandes crises humanitaires". Voilà pour la défense (justifiée à mon sens) du travail européen. Mais le plus intéressant est dans l'annonce "d'un plan d'action en trois temps" qui reprend, en partie, les trois recommandations du président de la République français.

Un plan d'action pour le Pakistan

1° Une lettre conjointe Ashton - Georgieva (respectivement la Haute Représentante pour les Affaires étrangères et la commissaire à l'Aide humanitaire) va partir vers les Etats membres pour préciser les modalités de la coordination de l'aide humanitaire. C'est la DG Echo (qui inclut dorénavant le mécanisme de protection civile) qui prêtera son concours à la "coordination active" de toute initiative humanitaire ou d'assistance logistique.

2° L'augmentation des sommes allouées au Pakistan, "ce avant la fin du mois".

3° Le suivi de la crise,  avec une "possible conférence des donateurs" pour le Pakistan. Ce point sera à l'ordre du jour du Gymnich, le conseil informel des ministres des Affaires étrangères, le 10 septembre.

La réflexion continue sur la sécurité civile

Sur l'idée d'une force européenne de protection civile, Barroso tempère le président français en lui rappelant la tiédeur (le mot est faible) qui avait accueilli les propositions du rapport Barnier en 2006. "Un certain nombre d'Etats membres avait alors montré un enthousiasme plus que relatif à l'idée d'une structure européenne propre". Mais, promet-il, après une réflexion "approfondie", et des consultations auprès d'Etats membres (la France a été consultée), menée par le duo Ashton - Georgieva, une proposition pour "une nouvelle politique" de réponse aux crises sera faite "très bientôt", pour être discutée par les Ministres compétents.

C'est ce qui s'appelle un retour à l'envoyeur ! On ne m'ôtera cependant pas d'un doute : l'Europe ne réagit-elle pas encore, avec trop de lenteur, beaucoup de tiédeur, et peu d'audace, dans la réaction de crises ?

Dernier point, concernant l'utilisation des moyens militaires pour acheminer l'aide humanitaire, Barroso la salue mais avec des pincettes. Il ne peut même s'empêcher de montrer quelques doutes. C'est "utile", dit-il, si "certains paramètres sont respectés". "Il importe que l'utilisation de ces moyens n'expose pas les opérateurs humanitaires, qui ont déjà perdu nombre de leurs membres dans les zones de conflit pakistanaises, aux mêmes risques que ceux encourus par les militaires". (NB : la journée de l'aide humanitaire se commémore ces jours-ci, le 19 août, jour de 2003 où 22 employés de l'ONU, dont son Représentant spécial en Irak, le Brésilien Sergio Vieira de Mello, sont morts dans un attentat à Bagdad).

(1) Lire: Quand Nicolas remonte les bretelles à José-Manuel

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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