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La mission de surveillance aérienne des pays baltes prolongée. Mais non sans peine…

Un Illiouchine 20 CootA escorté par un Mirage en 2011 (crédit : Ministère français de la Défense / DICOD)

(BRUXELLES2 à Chicago) Baltic Air Policing. C'est le nom de cette opération, assez simple. Les pays européens assurent la surveillance aérienne des pays baltes. Une mission très "smart défense". L'Estonie comme la Lituanie et la Lettonie ne disposent pas, en effet, de moyen adéquat pour assurer la protection de leur espace aérien contre toute intrusion (en particulier de leur grand voisin russe). Chacun des pays européens (France, Belgique, Allemagne, Danemark, Pologne, Rép. Tchèque, Roumanie,...) et les USA s'y sont "collés", certains à plusieurs reprises.

Répartir le coût financier

Or, mettre plusieurs avions (4 en général), ainsi que le personnel de soutien (de 50 à 100 personnes), le tout durant 3 à 4 mois sur un aéroport  lituanien (à Zokniai/Siauliai), cela représente un certain engagement financier et opérationnel. Et en ces temps de restrictions budgétaires, chaque euro, chaque penny compte... Les pays concernés rechignent, un peu, à s'engager précisément. Les pays concernés prennent en charge une partie de la mission, notamment l'hébergement et les frais de fonctionnement. Les pays qui assurent la garde veulent que les Baltes mettent un peu la main au porte-monnaie, en prenant en charge davantage de frais. Ainsi les trois pays baltes qui paient jusqu'à présent moins de 3 millions d'euros par an, pourraient payer environ 5 millions d'euros par an, ou plus, selon une source d'un de ces pays qui s'est confiée à B2.

Le principe de la prolongation acquis, les modalités en discussion

Résultat alors que le tour de garde arrive à échéance en 2014, la négociation continue. Le sujet est délicat. Au moment même où l'Alliance annonce une série de projets de mise en commun de moyens, cela fait un peu désordre de ne pas arriver à s'entendre sur un des premiers projets conjoints dans ce domaine. Et la question de sa prolongation était sur la table à Chicago. En fait, apparemment, seul le principe de la prolongation a été acquis, jusqu'à 2018 murmure-t-on. Les Américains ont mis leur poids dans la balance. Obama, lui-même, selon l'ambassadeur Us à l'OTAN, Ivo Daalder, a incité les alliés à « fournir des appareils » pour cette mission. Ce qui permet aux « Baltes d'investir leurs ressources dans d'autres fonctions, notamment en Afghanistan ».

NB : Cette mission - dénommée Baltic Air Policy - a été entamée en mars 2004 par les F-16 belges. Une habitude pour les Belges qui assurent déjà la surveillance aérienne de leur voisin luxembourgeois. Puis les Danois ont pris le relais et ainsi de suite. Les Mirage français étaient ainsi présents en 2007 (printemps), 2010 (hiver) et 2011 (printemps). Lors de ce dernier déploiement, d'ailleurs, un Mirage a subi quelque avaries suite à une collision avec un avion d'entraînement de l'armée de l'air lituanienne (lire : Mirage 2000 français contre Albatros L-39 lituanien : gagnant le Mirage). Actuellement ce sont les Polonais avec des Mig29 qui assurent la surveillance aérienne.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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