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Les 27 examinent ce qu’ils peuvent faire en Libye le jour d’après…

(BRUXELLES2) Les 27 ambassadeurs de l’UE membres du COPS (le comité politique et de sécurité) devraient tenir une nouvelle réunion extraordinaire, mardi. Cette fois, elle sera consacrée entièrement à la situation en Libye. Il s’agit d’adapter – à la lueur des derniers développements – la réponse européenne et notamment face à l'arrivée de rebelles de Libye d'examiner les mesures qui peuvent être prises pour aider le nouveau gouvernement libyen. Ou comme le résume un diplomate, il faut « mettre l'UE en ordre de bataille pour le jour d'après la chute de Kadhafi ».

Dégel des avoirs

L’UE pourrait s’engager sur le chemin de la levée des sanctions ou du moins d'une partie d'entre elles. Une partie des sanctions est basée sur la résolution des Nations-Unies. Seule, normalement, une modification de cette résolution peut entraîner un tel changement. En revanche, côté des sanctions autonomes, l’UE a la « main ». Ce changement se fera selon la situation sur le terrain, une situation qui change toutes les minutes » estime le porte-parole de Catherine Ashton. Mais nécessairement il se fera sur demande des nouvelles autorités. « Nous prenons en compte tous les avis, ceux des Etats membres, et celle de l’opposition au régime Kadhafi ». La question centrale est celle des avoirs gelés dans les différents pays. Une décision qui pourrait être prise « rapidement » ajoute-t-il. On peut signaler que le Premier ministre britannique, David Cameron, a déjà annoncé ce matin que le Royaume-Uni était « prêt à libérer les avoirs gelés qui appartiennent au peuple libyen ».

Ouverture d'une délégation à Tripoli

L'UE a ouvert un bureau de liaison technique de Benghazi, une "délégation" selon le porte-parole de la Commission européenne. Cette délégation pourrait déménager « aussitôt que possible, dès que les conditions de sécurité seront réunies sur place » précise le porte-parole de me Ashton. En fait, cela pourrait être fait « assez rapidement » - selon les informations recueillies. L'UE a déjà « repéré un bâtiment qui pourrait faire office de délégation, qui est actuellement vide (disponible) ». Rappelons qu'avant les évènements, l'UE n'avait pas de délégation en Libye mais son ouverture était prévue dans le plan 2011.

Soutien de l'UE à la transition

L'UE est prête à s'impliquer largement en Libye pour soutenir le nouveau régime sur trois plans : aide à la transition démocratique et soutien à la reconstruction d'institutions démocratiques et viables, le soutien à la société civile, la relance économique et la mise en place de structures économiques.

Le nouvel Etat libyen, selon Bruxelles

Ce que veut l'Europe, comme l'a rappelé Olivier Bailly, le porte-parole adjoint de la Commission européenne, avait déjà été indiqué aux autorités de l'opposition : « l'organisation et supervision d’élections libres aussi vite que possible, la création d’une administration et d’un système judiciaire efficaces, le développement d’une société civile et de médias libres, une réforme du secteur de la sécurité, qu'elles soient publiques ou privées, politique économique qui aide à la relance de ce pays et aux emplois ».

L'aide humanitaire

L'aide européenne humanitaire n'a pas été négligeable. Selon un premier décompte, 150 millions d'euros ont été débloqués pour la Libye depuis le début de la crise en février, dont 80 millions financés par le budget communautaire. 31.000 étrangers ont également été évacués par les avions européens dans le cadre du pont aérien mis en place par la communauté internationale (dont 5.800 européens), évacuation en partie financée par le budget européen (cout : 10 millions d'euros). Cette aide humanitaire va se poursuivre si nécessaire, indique-t-on du coté de la commissaire Kristalina Georgieva, chargée de l'aide humanitaire.

L'aide à la restructuration économique

Coté économique, la Commission européenne ne veut pas pour l'instant s'engager sur des recommandations précises (privatisation...), il importe que "ce pays rétablisse une économie saine" a-t-il répondu à la question de B2. Mais dans le passé, la Commission a toujours milité en faveur de l'établissement de règles de libéralisation économique et d'ouverture aux capitaux étrangers (européens), ce qui est pour l'instant en contradiction avec le système libyen qui repose largement sur des sociétés d'Etat, même si les entreprises multinationales (à commencer par l'Italien ENI ou le Français Total sont présents).

Des actions en matière de sécurité ?

Plusieurs missions exploratoires de l'UE se sont déjà rendues sur le terrain et plusieurs options sont aujourd'hui sur la table ainsi que ce blog l'a relaté. « On a déjà commencé le travail. Et on peut continuer rapidement » a expliqué Michael Mann, le porte-parole de Cathy Ashton. Mais pour l'instant aucun projet « n'est développé sur la protection des frontières », un sujet pourtant crucial pour le nouveau régime s'il veut éviter toute déstabilisation ultérieure.

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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