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EUTM Somalie: l’ambassade de l’UE en “format Lisbonne”

DeVisscherAmbassUeOuganda.png (BRUXELLES2) La délégation de la Commission européenne en Ouganda- pardon l'ambassade de l'UE - est la première ambassade (à ma connaissance) du réseau européen à avoir expérimenté la conduite diplomatique d'une mission militaire de l'UE. La délégation de la Commission européenne a, en effet, basculé au 1er janvier comme ambassade de l'UE. Et elle a participé à toutes les négociations notamment dans les relations avec les autorités ougandaises.

J'ai pu rencontrer son ambassadeur, Vincent de Visscher, présent depuis près de trois ans dans le pays. Un Belge qui, à ses heures perdues, est aussi un fan d'aviation. Il a un petit avion de tourisme, avec lequel il parcourt le pays. La délégation de la Commission européenne en Ouganda - pardon l'ambassade de l'UE - est la première ambassade (à ma connaissance) du réseau européen à avoir expérimenté la conduite diplomatique d'une mission militaire de l'UE.

 (Nicolas Gros-Verheyde)

• Comment définiriez-vous cette mission EUTM de formation des soldats somaliens ?
VdV - C'est une part de notre stratégie globale pour la Somalie. La mission EUTM Somalia comble un gap dans notre objectif d'aider à la sécurité de la Somalie et à soutenir le GFT (gouvernement transitoire somalien) pour restaurer la paix et l’ordre dans le pays. Stabiliser la Somalie, pays fragile, confronté au terrorisme est non seulement important pour l’UE mais aussi pour les pays d'Afrique de l’Est.

• Vous êtes désormais ambassadeur de l'UE et non plus seulement chef de la délégation de la Commission, qu'est-ce que cela a représenté pour vous ?
VdV - Certainement plus de travail... (rires). Plus sérieusement, cela donne au représentant de l'Union européenne une crédibilité et une dimension plus importante à notre mission en Ouganda. Il est important que l’Europe parle d’une seule voix. Ici nous sommes un peu les yeux, les oreilles, la face unique de l'Union européenne à l’extérieur. Nous avons des contacts avec les autorités ougandaises (ministère de la Défense, des Affaires étrangères, Chef de la défense) mais aussi avec les médias. Ce n’est pas évident en effet d’amener 1-2000 soldats somaliens dans le pays. Le public ougandais a besoin d'une explication. Nous devons leur expliquer ce que nous faisons, que l'on travaille ainsi pour leur sécurité.

• Vous parlez d'une crédibilité supplémentaire, qu'entendez-vous ?
VdV -  Trop souvent le public ougandais nous voit comme un partenaire de développement, s’occupant de projets, de programmes de routes et de développement rural, des tâches humanitaires, nous sommes bien sûr un acteur politique, nous avons un dialogue avec les autorités, cette mission nous apporte une dimension d’acteur dans la sécurité et la paix dans la région.

• Les Somaliens seront formés à Bihanga, à l'ouest de l'Ouganda, dans une région un peu excentrée. Mis à part la mission de sécurité, l'Union européenne a-t-elle une action dans cette région ?
VdV - Oui. Si l’emplacement de Bihanga a été choisi par l’UPDF, c’est important aussi pour la population sur place - environ 10.000 personnes - de percevoir des bénéfices au plan local. Nous rénovons une petite piste d’aviation, et des équipements comme des points d’eau. Nous envisageons de construire une nouvelle école, un accès routier... (*) C’est important de faire cela pour une meilleure perception d’EUTM, comme de l'UE, en Ouganda.

• Dernier point, le SOFA (accord de protection des forces) n'est pas encore signé, quand le sera-t-il, pourquoi ce retard ?
VdV - Le SOFA devrait être signé, dans quelques jours, le 20 mai, j'espère. Il fallait respecter le système constitutionnel ougandais, notamment la consultation du solicitor general.

(*) accès qui en a bien besoin, je peux en témoigner 🙂

(crédit photo : Conseil de l'UE)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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