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Tanks et “bonhommes verts” en renfort à l’est de l’Ukraine (maj)

Colonne de véhicules - observateur (Crédit : HromadskeTv)
Colonne de véhicules - observateur (Crédit : HromadskeTv)

(BRUXELLES2) Le dernier rapport des observateurs l'OSCE, présents dans l'est de l'Ukraine, publié samedi (8 novembre) soir, est inquiétant. Dans les villes de Donetsk et à Makeevka (25 km au nord-est de la ville de Donetsk), dans le territoire contrôlée par les rebelles de la "république populaire de Donetsk", les observateurs ont noté des convois d'armes lourdes et des chars.

Un convoi de 40 camions avec un BTR en tête et des bonshommes verts !

Cela a commencé « à 13h55 heure locale, dans la périphérie Est de Makeevka (25 km au nord-est de Donetsk), avec un convoi de plus de 40 camions et camions-citernes en mouvement à l'ouest sur l'autoroute H-21 ». Parmi ceux-ci, 19 étaient de gros camions - Type Kamaz -, couverts et sans marques spécifiques ou de plaques d'immatriculation, mais remorquant chacun un obusier de 122 mm et du personnel en uniforme vert foncé sans insignes. Quinze camions étaient de type transporteurs de troupes Kraz. Les 6 autres étaient des petits camions citernes de carburant, équipés de grues. » L'OSCE a pu observer également « un véhicule blindé BTR, en tête du convoi, non marqué, l'arme recouverte d'une bâche ».

Convoi de tanks à Donetsk

Cela a continué à « 15h20, à l'intersection de la rue et Leninskyi Kuprin Street (7 km au sud-ouest du centre-ville de Donetsk), où un convoi de neuf chars se dirigeant vers l'ouest » a été aperçu. Il était composé de : « quatre chars de type T72 et cinq chars de type T64, également non marqués ».

Peu avant, vers 14h45, des bombardements ont commencé au nord et au nord-ouest de la périphérie de la ville, tirs à l'arme lourde continuant au moment de la publication du rapport (samedi soir).

Préoccupation à l'OSCE sur le respect des accords de Minsk...

Cette situation a suscité une déclaration du ministre suisse des Affaires étrangères et président en titre de l'OSCE se montrant « très préoccupé » par cette recrudescence de la violence » et des activités « menant à plus de fragilité au lieu de poursuivre la stabilisation de la situation ». Il est « décisif que toutes les parties respectent strictement les engagements pris dans le cadre du protocole de Minsk et restent à l'écart de tout acte qui pourrait conduire à de nouvelles escalade » a-t-il ajouté.

Beaucoup de victimes, une partie des accords de Minsk lettre morte (UE)

Précisons que ce cas n'est pas isolé. La situation à l'Est de l'Ukraine reste compliquée. Comme le notait un haut responsable du service diplomatique européen (SEAE) récemment (une déclaration recueillie par B2), il y a eu « ces derniers mois énormément de victimes, des deux côtés. Nous tentons d’arrêter le combat, d’imposer le cessez le feu. » Mais cela reste très difficile. Et certains points de l'accord de Minsk restent lettre morte pour l'instant. Par exemple, sur la question des postes-frontières, « cela n’avance pas ». Tout simplement, car « une des parties ne le veut pas » remarque notre interlocuteur, diplomatiquement, sans désigner expressément le fautif. Mais chacun l'aura reconnu...

Gagner sur le terrain sur l'armée ukrainienne

« Tout ce qu’elle souhaite, c’est de gagner du terrain sur l’armée ukrainienne, (que ce soit) dans le Dombass (ou) près de Mariupol ». Si côté européen, on ne veut pas se prononcer expressément sur la « livraison d’armes » par la Russie, il y a un fait qui semble avéré : « il semblerait que des armes sophistiquées se retrouvent dans la région, avec des personnes soit-disant du cru... » Et même les observateurs de l'OSCE sont l'objet de tirs. « On tire même sur la mission OSCE. Un drone autrichien (de l'organisation) qui devait suivre les mouvements de la ligne de front, a été abattu lui aussi. »

La Russie doit assumer ses responsabilités (Mogherini)

(Maj 10.11 20h) La Haute représentante Federica Mogherini a demandé, par communiqué parvenu à la presse, en fin d'après-midi à chacun des parties « de montrer la plus grande retenue, se conformer strictement à leurs engagements au titre du Protocole de Minsk et le Mémorandum, et réengager en vue de trouver une solution pacifique et durable basée sur le respect de l'Ukraine indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale. » « Il est impératif d'éviter toute recrudescence des hostilités » a-t-elle ajouté, demandant en particulier à la « Russie d'assumer pleinement ses responsabilités, notamment en empêchant tout mouvement supplémentaire de militaires, d'armes ou de combattants de son territoire en Ukraine, en retirant d'Ukraine troupes, armes et équipement sous son contrôle, et en exerçant son influence pour veiller à ce que les séparatistes mettent en œuvre de bonne foi les obligations qu'ils ont prises à Minsk. »

(NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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