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Le cri d’alarme du général Mingiardi : il faut plus de moyens en Somalie

Le général Mingiardi avec le ministre de la Défense somalien (crédit : SEAE)
Le général Mingiardi avec le ministre de la Défense somalien (crédit : SEAE)

(BRUXELLES2) Dans une interview donnée à  l'agence ADNkronos le général Mingiardi commandant la mission européenne de formation de l'armée somalienne (EUTM Somalia) lance un cri d'alarme.

Un appel aux Etats membres

« Il y a encore beaucoup à faire. La mission doit être renforcée. Il y a un besoin d'argent et d'hommes, j'ai demandé d'autres soldats, je suis toujours en attente des réponses des Etats membres ». C'est inquiétant ! Il y a presque un mois, à la réunion informelle des ministres de la Défense, à Milan, le général avait lancé le même appel (lire sur le Club : « Former une armée qui est en guerre, un vrai défi » (Mingiardi / EUTM Somalia). NB : Depuis il y a eu peu d'avancements, semble-t-il. Aucun Etat membre ne se bouscule au portillon.

Le problème d'équipement de l'armée somalienne

Mais le général met aussi le doigt sur un problème tout aussi important les conditions "de travail" de l'armée somalienne. « Les soldats qui suivent les cours n'ont pas d'uniformes. Il n'y a pas de caserne parce que les bâtiments ont été bombardés. Les soldats dorment actuellement sur le terrain. Et il n'y a pas d'eau potable... ». Au surplus, ils n'ont pas d'équipements. « La formation des hommes n'est pas la solution des problèmes, il y a besoin d'uniformes et d'équipements ». Et d'ajouter : « Je suis un peu leur commandant. Mais je n'ai pas le pouvoir d'intervenir » NB : Un projet est en cours de débat dans les instances européennes sur ce point. Mais aucune solution n'est encore en vue. Et les postulats posés semblent encore bien timides. Lire aussi (Club - exclusif) : Le concept « Train & Equip ». Les premiers principes sont posés

L'Europe aura-t-elle un peu de courage ?

« Nous avons gagné le respect et la considération des institutions du pays, à commencer par le ministre de la Défense. Mais nous devrions avoir plus de courage pour oser, profiter du moment favorable » explique Mingiardi. « Face à cette situation, il est nécessaire pour l'Europe d'intervenir. »

NB : un peu de courage sans doute mais aussi de prospective. La bataille menée par la communauté internationale contre les Shebabs islamistes en Somalie repose sur un équilibre. A l'avant, l'Union africaine (AMISOM) mène les combats à terre, avec des éléments de l'armée somalienne, et en l'air quelques drones américains (qui mènent un peu leur propre guerre). A l'arrière, les Européens structurent et finalisent la formation de l'armée somalienne. Les équipements sont le maillon faible du dispositif. S'il y a des éléments manquants, le succès de l'opération peut être remis en cause. Cette bataille, même si les éléments sont différents, doit être rapprochée de ce qui se passe dans le Golfe. Or, quand on regarde le coût d'une telle mission de formation, même en ajoutant les équipements nécessaires, cela reste modeste au regard de tout l'arsenal mobilisé en Irak contre l'état islamique (Daech). Une année de mission équivaut ainsi à quelques jours de frappes en Irak ou en Syrie !

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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