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Piraterie maritime

Bonne nouvelle. Les otages du Mv Albedo sont libres ainsi que 3 travailleurs humanitaires

Les 11 marins libérés du MV Albedo (crédit : UNODC)
Les 11 marins libérés du MV Albedo (crédit : UNODC)

(BRUXELLES2) Les 11 marins du Mv Albedo, qui étaient encore otages des pirates somaliens, sont libres. Ou plus exactement, ils se sont libérés selon les informations diffusées par l'ONU.

7 marins bengalais, 1 Indien, 1 Iranien et 2 Sri-Lankais sont ainsi arrivés à Nairobi, au Kenya samedi (7 juin) dans un avion spécial affrété par le programme des Nations-Unies de lutte contre la criminalité (UNODC). Ils ont été admis à l'Aga Khan Hospital pour un bilan de santé et des soins.

Les circonstances de leur libération ne sont pas extrêmement claires. Selon la version officielle, ils ont réussi à s'évader vendredi (6 juin) par une fenêtre ouverte et ont été secourus ensuite par les forces armées du Galmudug (Somalie). ils seraient arrivés ensuite dans un camp de l'ONU au Kenya, situé près de la frontière somalienne, selon le quotidien bengali Daily Sun.

Le gouvernement du Bangladesh a démenti avoir versé la moindre rançon. « C'est une question de principe. Aucun gouvernement ne verse de rançon dans des cas de piraterie » a déclaré le ministre des Affaires étrangères, selon le quotidien bengalais Bangladesh Today.

1288 jours de détention

L'équipage du Mv Albedo (un navire sous pavillon malaisien) avait été capturé à 900 miles de Mogadiscio, en novembre 2010, tandis qu'il faisait route de Dubai vers les Emirats arabes unis et le Kenya. Il comptait à l'origine 23 hommes. 7 ont été libérés le 1er août 2012 (7 Pakistanais). 1 Indien est décédé au cours de sa détention. Et 4 Sri Lankais ont disparu lors du naufrage de leur navire, en juillet 2013, aux mains des pirates. Les marins avaient ensuite été ramenés à terre, dans un repaire des pirates.

La fin d'un long calvaire

C'est la fin d'un long calvaire pour les marins. Les conditions de détention étaient particulièrement éprouvantes pour l'équipage qui avait été largement abandonné à son sort. Le propriétaire du navire (malaisien) avait disparu et la Malaisie refusait d'en assumer la charge. « Après 1288 jours en captivité, nous sommes ravis pour eux et leurs familles après l'épreuve et les difficultés qu'ils ont subi » a exprimé Peter Swift, le responsable de MHRP, le programme de réponse humanitaire sur la piraterie maritime. Un des Pakistanais libérés en 2012 avait mentionné les dures conditions de vie voire l'usage de la torture dont ils étaient victimes de la part de leurs ravisseurs. Les pirates nous « ont frappés à plusieurs reprises avec des tuyaux et avec la crosse de leurs fusils AK-47. Ils ont également utilisé des pinces pour arracher la peau sur les paumes des marins » expliquait Mujtaba. « Ces hommes ne sont pas humains. Quand ils nous ont frappés, ils ne cesseraient pas. Ils nous ont frappés sur la tête. Certains officiers avaient des hémorragies graves sur la tête. L'un ne pouvait pas utiliser sa main gauche, endommagée lors d'un passage à tabac. » (lire dans The National).

Les 3 travailleurs de l'ONG "Ias" peu après leur capture en 2012 (crédit : IAS)
Les 3 travailleurs de l'ONG "Ias" peu après leur capture en 2012 (crédit : IAS)

Des travailleurs humanitaires libérés

A noter que trois travailleurs humanitaires kenyans, otages depuis bientôt 2 ans, ont été libérés jeudi (5 juin). Janet Muthoni Kanga, Martin Mutisya Kioko and Abdinoor Dabaso Bor travaillaient pour l'ONG américaine International Aid Services.

Ils circulaient en voiture à Galcayo dans le Puntland le 11 juillet 2012 quand ils avaient été capturés par des hommes en armes. Plusieurs policiers du Puntland qui assuraient leur protection avaient été blessés lors de cette action, ainsi qu'un autre travailleur humanitaire qui n'avait pas été kidnappé. Les ravisseurs se sont proclamés pirates somaliens. Les circonstances exacte de leur libération n'ont pas été révélées. Dès leur libération, « les otages ont été emmenés dans un endroit sûr jusqu'à ce qu'ils soient transportés vers Nairobi, avec l'aide des Nations Unies et du Gouvernement de Galmudug » précise l'ONG. Ils ont subi des examens médicaux de routine, et dans les circonstances, en « plutôt bonne santé » ajoute-t-elle.

Pendant la durée de leur captivité, l'équipe de gestion de crise d'IAS « a pu parler aux otages sur un certain nombre de reprises, et a été en mesure d'organiser la livraison de nourriture et matériel de temps en temps ». Elle a aussi « discuté avec plusieurs personnes se disant être les preneurs d'otages. Mais, dans la plupart des cas, — fait-elle remarquer — les appelants ont été rapidement identifiés comme des fraudeurs ». « De longues discussions ont été entreprises avec les ravisseurs réels qui ont permis d'aboutir à leur libération ».

Encore 39 otages des pirates

Selon le dernier bilan diffusé par les forces européennes anti-piraterie, et la base de données "Pirates" de B2, il reste encore 39 marins aux mains des pirates : les 4 marins thaïlandais du Prantalay 12 (un autre navire thaïlandais) détenus depuis plus de 4 ans !, 7 marins indiens du Asphalt Venture (capturés en septembre 2010!) et 28 otages taïwanais, philippins, indonésiens, chinois et vietnamiens du FV Naham 3 (un navire thaïlandais). Il ne s'agit pas de les oublier...

(Nicolas Gros-Verheyde)

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Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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