B2 Le Quotidien de l'Europe géopolitique. Actualité. Dossiers. Réflexions. Reportages

Actu BlogAfrique EstGestion de crise PSDC

Un Néerlandais à la tête de l’OpsCenter ?

(BRUXELLES2, exclusif) C'est finalement un "captain" néerlandais - et non un officier général - qui pourrait prendre la tête de l'OpsCenter, le centre opérationnel établi à Bruxelles chargé de coordonner les opérations de l'Union déployées dans la Corne de l'Afrique (piraterie - Eunavfor Atalanta ; formation militaire - Eutm Somalia ; et Eucap - renforcement des capacités maritimes). Le nom doit encore être confirmé ce vendredi. Les ambassadeurs du COPS - le Comité politique et de sécurité - se revoient, en effet, pour finaliser la décision.

Selon les informations recueillies par B2, le directeur de l'OpsCenter devrait être le captain Ad van der Linde, qui a été un des portes-paroles du ministère néerlandais de la défense (directeur adjoint de l'information) et était jusqu'à peu encore impliqué au QG maritime de l'OTAN à Northwood pour l'opération anti-piraterie "Ocean Shield".

Si cette nouvelle est confirmée, on peut en tirer quelques premières conclusions, à la fois au niveau politique comme opérationnel. D'un point de vue politique, on peut noter que l'Etat-Major de l'UE aurait gagné son bras de fer contre les Etats membres. Et on peut ajouter que ce n'est pas un ressortissant d'un des pays du groupe de Weimar+ (Allemagne, France **, Italie, Espagne, Pologne), pourtant promoteur de cette idée d'un QG permanent et de son succédané, l'OpsCenter.

Au point de vue opérationnel, on peut considérer que le rôle dévolu à l'OpsCenter devrait être limité et manquer d'autonomie, à la fois par rapport à l'Etat-Major, comme par rapport aux missions. Cette nomination a aussi des conséquences très concrètes. Un grade et une nationalité ont une signification très pratique au niveau militaire. Le grade de ce responsable va le mettre concrètement sous l'autorité du chef d'Etat-Major, Van Osh. On imagine mal un captain contester les décisions d'un général, de la même nationalité. De même, il ne pourra pas vraiment s'imposer face à un rear-admiral - commandant l'opération Atalanta - ou un alter ego, en grade, un colonel - commandant l'opération Eutm Somalia. L'OpsCenter ne semble pas parti pour briller de mille feux... Tout au plus, pourra-t-il jouer un rôle de liaison, et de coordination, au sens technique, pas au niveau stratégique ou tactique.

(*) Il faut bien veiller à ne pas traduire immédiatement captain par son acception "capitaine". Un captain de la Navy équivaut à un capitaine de vaisseau dans l'armée française, ou à un colonel dans l'armée de terre. La dénomination exacte dans la marine néerlandais est Kapitein ter zee.
(**) La France a apparemment brillé par son efficacité multipliant les candidatures, on en a compté jusqu'à trois, témoigne un diplomate (non tricolore). Ce qui n'a effectivement pas été du meilleur effet. Il y avait un candidat officiel et deux officieux.

Lire également :

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

s2Member®