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[Actu Blog] Attaques du Hamas sur Israël. Les pays européens évacuent leurs concitoyens (v7)

(B2) C'est la Pologne qui a, la première, dimanche (8 octobre) annoncé le lancement de l'évacuation de ses concitoyens d'Israël. Portugal, Hongrie, Italie ont embrayé. Le pont aérien s'est accéléré dans la semaine, avec davantage de rotations. Au total, selon nos informations plus de 10.000 Européens (UE) et familles ont ainsi été rapatriés dans la semaine. Essentiellement des touristes. Mais aussi des résidents en Israël.

(Photo : MOD Pologne)
  • Après l'attaque multiple terroriste menée par les hommes du mouvement Hamas contre plusieurs villes et habitations civiles dans le Sud d'Israël, aux alentours de Gaza, de nombreux touristes et hommes d'affaires sont restés coincés — de nombreuses compagnies aériennes régulières civiles ayant interrompu leur vol (1).
  • Ces opérations ont été purement nationales, organisées le plus souvent avec des moyens militaires, mais aussi des moyens civils. Si des citoyens européens ont été rapatriés, c'est en fonction de circonstances et de la coordination consulaire, non d'une opération concertée.
  • Si en début de semaine, l'évacuation des ressortissants nationaux d'Israël constituait la priorité, le mouvement commençait à se renverser, en fin de semaine. Avec les bombardements israéliens sur Gaza, l'attention de plusieurs pays s'est portée sur la difficulté d'extraire leurs citoyens nationaux ou binationaux se trouvant dans l'enclave palestinienne.

La Pologne part en premier

« Nous sommes prêts à assurer rapidement et efficacement le retour chez eux des touristes polonais qui séjournent actuellement en Israël » justifie le ministre de la défense, Mariusz Błaszczak. Les avions pourront au besoin évacuer d’autres citoyens européens et étrangers qui souhaiteraient quitter le pays, précise le gouvernement polonais.

Trois avions mobilisés puis des Casa

Varsovie a mobilisé au début trois avions de transport : deux avions C130 Hercules et un Boeing 737 pour cette opération, dénommée NEON. Deux avions polonais se sont posés à l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv dès dimanche (8 octobre). Le troisième a décollé de Varsovie dimanche soir avec, à son bord, une équipe médicale militaire. Des avions Casa ont pris le relais assurant à partir de lundi (9 octobre) un pont aérien entre Tel Aviv en Israël et Chania en Crète, permettant ainsi de raccourcir le temps d'évacuation. Une quinzaine de navettes ont pu être organisées. 1504 personnes ont ainsi pu être rapatriées indique le commandement général samedi (14 octobre) signant la fin de l'opération.

L'expérience polonaise

L'aviation de transport et les forces spéciales polonaises ont « une certaine expérience dans ce type d'opérations » précise-t-il, citant l'opération d'évacuation des Polonais de Wuhan (Chine) lors de l'épidémie de Covid-19 en 2020, et en 2021 pour l'évacuation de Kaboul.

Un enjeu électoral aussi ...

Les élections proches (15 octobre) expliquent en partie cette rapidité d'intervention. Les modalités de cette intervention ont cependant été fortement critiquées en Pologne en pleine crise au sein de l'armée (lire : [Décryptage] Fronde dans l’armée polonaise. Démissions en série à l’état-major à l’approche des élections)

D'autres pays embraient le pas

Le Portugal a mobilisé un C-130 de ses forces aériennes pour « effectuer une mission d'aide au retour des Portugais » d'Israël, a annoncé en début de soirée, dimanche (8 octobre) la défense portugaise. Celui-ci a fait la navette entre Tel Aviv et Larnaca (Chypre). Le relais étant ensuite assuré par un vol affrété par l'État portugais. Cet avion est arrivé mercredi matin à Lisbonne avec 152 Portugais et Portugais-Israéliens à bord. La mission a pris fin jeudi (12 octobre) avec le retour du C-130 qui a atterri à 7h30 sur l'aérodrome de Figo Maduro au Portugal, avec à son bord huit Portugais et 14 étrangers. En tout, plus de 200 personnes (nationaux et Européens) ont ainsi été rapatriés. Quatre Portugais sont portés disparus a précisé le ministre des Affaires étrangères João Gomes Cravinho mercredi (12 octobre).

L'Italie a assuré plusieurs rotations de ses avions militaires de Tel Aviv vers Pratica di Mare à partir de lundi (9 octobre). Deux ont atterri mardi (10 octobre) dans la matinée à Pratica di Mare, ramenant environ 200 personnes, un troisième avion militaire a atterri dans l'après-midi. Deux autres vols assurés par une compagnie aérienne privée (Neos) à « prix contrôlés » (NB : 350 euros) seront assurés mercredi (11 octobre), indique la Farnesina. De nombreux pèlerins se trouvaient dans le pays, coincés par l'annulation des vols réguliers.

La Hongrie a dès lundi (9 octobre) envoyé deux avions de l'armée de l'air à Tel Aviv qui ont effectué deux rotations entre lundi et mardi. Puis elle a choisi (comme l'Autriche) Chypre comme hub d'évacuation avec un mode d'évacuation hybride bateau - avion.

215 personnes ont ainsi été rapatriées dès lundi (9 octobre) au soir à bord de deux avions de l'armée de l'air. Un appareil est ensuite retourné à Tel Aviv pour pour ramener 110 autres personnes. Au total, 325 personnes dans cette première rotation, dont 46 enfants, et 15 ressortissants d'autres nationalités (israéliens, suédois, allemands, britanniques, autrichiens et portugais). Par ailleurs, 65 Hongrois d'Israël, dont 18 enfants, ont pu rejoindre Chypre par bateau jeudi (12 octobre) annonce le ministre des Affaires étrangères Peter Szijjártó. Ils seront rapatriés par avion en Hongrie.

La Bulgarie a très vite aussi envoyé en Israël un avion gouvernemental de type A319 pour rapatrier ses citoyens. Au total, trois vols ont été effectués rapatriant près de 300 personnes. Le dernier vol avec 96 personnes, a atterri à Sofia dans la nuit du 13 au 14 octobre. Les vols se poursuivront « aussi longtemps que possible et aussi longtemps que nécessaire » précise le ministère.

De son côté, la Tchéquie a profité du déplacement mardi (10 octobre) de son ministre des Affaires étrangères Jan Lipavský en Israël — pour exprimer son soutien à son homologue Eli Cohen —, pour ramener des citoyens tchèques bloqués dans le pays.

En tout près de 80 personnes ont été rapatriées. 34 ont pu rentrer dans l'avion ministériel mardi soir. Une autre rotation assurée mercredi (11 octobre) dans la nuit, a permis de rapatrier une quarantaine de citoyens tchèques à l’aéroport militaire de Kbely, à Prague, à 3h40.

Des citoyens tchèques évacuent de Tel Aviv à bord de l'A319 ministériel (Photo : MFA Tchéquie)

La plupart des pays européens déclenchent leur propre opération d'évacuation

L'Autriche a annoncé mardi (10 octobre) envoyer un avion C-130 vers Chypre. De là, un service de navette vers Israël sera mis en place pour ramener les Autrichiens. Il devait décoller de Linz mercredi (11 octobre) en matinée annonce la Bundesheer. A bord de l'avion, des psychologues de l'armée. (mis à jour) Mais l'opération a été reportée. L'avion étant tombé en panne. Construit en 1966 (57 ans d'âge !), il est en fonction depuis 2003 dans l'armée autrichienne s'excuse Michel Bauer, le porte-parole de l'armée.

Les Pays-Bas ont déclenché leur opération mardi (10 octobre), envoyant un avion de transport militaire de type A330 de l'unité multinationale d'avions de transport multirôles MRTT (stationnée à la base aérienne d'Eindhoven, gérée par l'Otan), pour « rapatrier les personnes possédant un passeport néerlandais et souhaitant quitter Israël » comme l'a précisé la ministre de la Défense Kajsa Ollengren.

199 personnes ont ainsi pu être rapatriées mercredi (11 octobre). Une deuxième rotation a été organisée dans la foulée. L'appareil se posant à Eindhoven vers 1h30 du matin dans la nuit de jeudi à vendredi (13 octobre) avec plus de 200 Néerlandais à bord et une vingtaine d'Européens (dont 17 Luxembourgeois précise le ministère). D'autres vols sont prévus dans les prochains jours, indique la défense néerlandaise.

La Roumanie a choisi de privilégier des vols privés, organisés notamment par la compagnie nationale Tarom, à la demande du ministère des Affaires étrangères. 239 ressortissants roumains ont ainsi été rapatriés entre mercredi et jeudi, à bord de quatre vols (Tarom, El Al et deux compagnies privées).

En tout depuis le début du conflit, 28 vols spéciaux, assurés par Tarom et d’autres compagnies privées ont permis de rapatrier environ 2220 personnes ont été évacuées, précise la ministre des affaires étrangères, Luminita Odobescu dressant le bilan de l'opération (18 vols et 1800 ressortissants roumains avaient déjà été assurés au 11 octobre). Il reste 150 vivant à Gaza (350 Roumains sont recensés dans le territoire palestinien), indiquait mercredi le porte-parole des Affaires étrangères Radu Filip à Agerpress. 220 citoyens ukrainiens ont été rapatriés dans la nuit de samedi à dimanche (15 octobre).

L'Espagne a déclenché aussi mardi (10 octobre) une opération d'évacuation. Un premier avion A330 de l'armée de l'air espagnole a atterri tôt mercredi (11 octobre) sur la base aérienne de Torrejón de Ardoz à Madrid. Un autre avion a effectué une seconde rotation rapatriant les ressortissants espagnols restants mercredi soir (11 octobre).

Au total 429 personnes, dont 334 Espagnols, des citoyens de l'Union européenne et de pays tiers résidant en Espagne ont été rapatriés. La plupart étaient des personnes se trouvant temporairement en Israël, coincés lorsque les vols réguliers ont été annulés.

La France a annoncé mardi (10 octobre) en fin de soirée qu'un vol spécial opéré par Air France sera assuré jeudi (12 octobre) pour permettre aux « compatriotes qui le souhaitent, et n’ont pu trouver de places disponibles dans les vols commerciaux encore ouverts à Tel Aviv, de regagner le territoire national » selon le communiqué du quai d'Orsay.

Le premier vol a atterri à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle jeudi (12 octobre) au soir ramenant 377 personnes. Un second vol s'est posé vendredi soir (13 octobre), avec plus de 300 passagers à bord. En tout onze vols ont été mis en place entre le 12 et le 16 octobre, ramenant plus de 2700 passagers, indique le Quai d'Orsay, lundi soir (16 octobre).

L'Allemagne a demandé à la compagnie nationale Lufthansa d'effectuer plusieurs vols spéciaux jeudi et vendredi à destination d'Israël pour rapatrier les ressortissants et binationaux. Puis a été actionnée la Bundeswehr.

Quatre vols avaient déjà été organisés jeudi (12 octobre) permettant d'évacuer 950 personnes (dont plus de 850 allemands), annonce le ministère des Affaires étrangères. Au total, environ 2800 Allemands ont été « aidés à quitter le pays par voie terrestre, aérienne et maritime » précisent les Affaires étrangères. Dimanche, deux vols spéciaux de la compagnie Condor sont organisés au départ de Akaba en Jordanie. Les rotations des avions de l'armée de l'air allemande ont pris le relais. Deux avions A400M de la Bundeswehr acheminant officiellement du « matériel humanitaire » vers Israël ont ainsi pu rapatrié 80 personnes supplémentaires dans la nuit de samedi à dimanche (15 octobre) vers la base aérienne de Wunstorf. Un autre avion A321 a effectué une navette vers Cologne. En tout, 220 personnes supplémentaires ont ainsi pu être évacuées, indique la Bundeswehr sur twitter.

Après avoir hésité le Royaume-Uni a lancé jeudi (12 octobre) son opération d'évacuation. Via des avions privés, avec trajet payant. Chaque personne devant acquitter un montant de 300 £ précise le communiqué du Foreign Office.

Le Danemark a effectué sa première évacuation vendredi (13 octobre) en soirée. 82 Danois ont été récupérés à l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv et transportés par un avion C-130 Hercules des forces de défense vers l'aéroport de Phapos à Chypre. Des vols supplémentaires sont prévus pour le week-end.

La Suède a décidé d'affréter un avion pour rapatrier ses ressortissants. 143 personnes – des Suédois avec leurs familles – sont arrivés dans un premier vol dans la nuit de jeudi à vendredi (13 octobre) à l'aéroport de Stockholm-Arlanda. Un second avion a atterri dans la nuit de vendredi à samedi (14 octobre), avec environ 120 passagers (dont 31 Finlandais et d'autres ressortissants européens).

La Grèce a surtout utilisé des vols d'El Al pour rapatrier ses ressortissants.

90 touristes grecs ont pu être rapatriés dans un premier vol, 68 autres mardi (10 octobre), indique le ministère des Affaires étrangères à Athènes. Par ailleurs 72 Grecs résidant en Israël, qui souhaitaient être rapatriés, sont rentrés jeudi (12 octobre). A bord des avions d'autres nationaux ont pris part (Autriche, Allemagne, Albanie, Belgique, de Macédoine du Nord, Bulgarie, Irlande, Lettonie, Ukraine notamment).

La Slovaquie a envoyé un avion gouvernemental pour rapatrier ses concitoyens. permis en trois vols. Au total plus de 260 citoyens slovaques ont été rapatriés d'Israël sur trois vols. Un quatrième vol a permis de ramener samedi (14 octobre) près de 100 citoyens de 14 autres pays, d'Europe et d'ailleurs. Le premier vol dans le cadre du nouveau module de gestion de crise de l'UE, Flight & Shelter, indique la diplomatie slovaque.

La Finlande a rapatrié samedi matin (14 octobre), 149 personnes à bord de son propre vol d'évacuation.

À suivre...

(Nicolas Gros-Verheyde)

  1. Air France, Lufthansa, Iberia, Ita Airways notamment ont interrompu leurs vols. Mais certaines compagnies régulières européennes tels la Roumaine Tarom ou Air Serbia ont continué leurs vols, ainsi que Wizzair, Ryanair et Easyjet, tout comme les compagnies israéliennes (telle El Al). Ce qui interpelle...

Mis à jour le 10 octobre (Italie, Tchéquie, Autriche, Pays-Bas, Allemagne, France) - le 12 octobre (Hongrie, Allemagne, Royaume-Uni, Pologne, Roumanie) - le 13 octobre (bilan chiffré Hongrie, Italie, Pays-Bas, Tchéquie) - le 14 octobre (Danemark, Espagne, Suède, Finlande, Slovaquie, Allemagne, France, Portugal + structuration des paragraphes, chapo et contre-chapo avec commentaires) - le 15 octobre (Pologne, Roumanie) - le 16 octobre (Allemagne, Bulgarie, France, Roumanie)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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