[Actualité] Les forces armées italiennes s’investissent au Niger et au Mali dans Takuba
(B2) En marge de la rencontre avec l'homologue française Florence Parly, le 13 avril à Rome, le ministre de la Défense Lorenzo Guerini a annoncé que dans le cadre de la mission bilatérale MISIN au Niger, les forces armées italiennes vont construire leur propre base militaire, à partir du mois de juillet.
« Il s'agit d'une étape très importante pour renforcer notre action dans la région qui, à l'avenir, se transformera en une capacité de l'Europe toujours plus grande au Sahel et dans toute la ceinture subsaharienne, de la Corne de l'Afrique au Golfe de Guinée, afin de contribuer (aussi) à la stabilisation de la Libye », a déclaré le ministre italien, Lorenzo Guerini, selon le blog de Antonio Mazzeo. Cette annonce intervient un mois après l'arrivée au Mali du premier contingent des forces armées italiennes dans la task-force européenne Takuba, dirigée par la France.
Une présence affirmée au Niger
Démarrée discrètement après les accords signés le 26 septembre 2017 entre les ministères de la Défense d'Italie et du Niger, la mission MISIN apporte une assistance militaire aux forces de sécurité nigériennes pour accroître leurs fonctions technico-logistiques et opérationnelles. Cet appui bilatéral a pour objectif d'accroître les capacités visant à lutter contre le phénomène des trafics illégaux et les menaces à la sécurité, « dans le cadre d'un effort conjoint européen et américain de stabilisation de la zone et de renforcement des capacités de contrôle territorial par les autorités nigériennes et les pays du G5 Sahel », explique l'état-major italien de la défense.
Formation et assistance des forces spéciales et unités d'intervention
Les activités d'assistance et de formation menées par les militaires italiens se sont progressivement développés au fil des années en quantité et en qualité, explique Antonio Mazzeo. En particulier, le personnel de la brigade parachutiste Folgore a été chargé de former le nouveau bataillon de parachutistes nigériens (programmes d'infanterie de base, raids aériens, planification et exécution complète d'une opération militaire; patrouilles motorisées, organisation et gestion de checks points, combat en zone urbaine). Une zone d'entraînement a été créée à l'intérieur d'une installation à Niamey, a indiqué la défense, le 26 janvier 2021.
Les formateurs de l’armée et de l’armée de l’air ont travaillé au près du GIS, le groupe d’intervention spécial du ministère de l’intérieur nigérien. Tandis qu’une unité du 7e régiment de carabiniers Trentino-Alto Adige, de Bolzano, s'est vue confier la formation et le suivi d'une une nouvelle force d'élite de la gendarmerie nationale, les GAR-SI, ces Groupes d'Action Rapides - Surveillance et Intervention. Un projet européen développé dans plusieurs pays du Sahel (cf. encadré).
Une base militaire autonome
Jusqu'à présent, la quasi-totalité du personnel italien était hébergée sur la base aérienne 101 construite et contrôlée par les forces armées françaises à côté de l'aéroport international «Diori Hamani» de la capitale, Niamey. Un aéroport où œuvrent également les forces de l'US Africom, le commandement américain pour l'Afrique.
Une mission bilatérale italienne forte en nombre
Selon la loi de finances 2021, MISIN, au Niger et en Mauritanie (pour le collège de défense) pourrait être dotée « au maximum de 295 militaires, 160 véhicules légers et lourds et cinq avions ou hélicoptères ». Elles devraient comprendre des équipes spécialisées de reconnaissance, de commandement et de contrôle ; de formation du personnel ; des équipes de santé et de génie pour les travaux d'infrastructure ; une équipe de détection des menaces chimiques-biologiques-radiologiques-nucléaires (CBRN), ainsi qu'une unité de collecte des renseignements et de surveillance. NB : le chiffre annoncé est un maximum légal pour l'engagement annuel. Cela ne signifie en rien une présence totale et permanente dans le pays. Mais cela donne un élément de l'engagement italien : important.
(Nicolas Gros-Verheyde)
Les Gar-Si
Depuis fin 2016, le trust-fund pour l'Afrique (ou fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique, FFUE) de l’Union européenne finance le projet Groupes d’Action Rapides – Surveillance et Intervention au Sahel (GAR-SI Sahel) dans plusieurs pays du Sahel (Burkina Faso, Tchad, Mali, Niger, Mauritanie et Sénégal). Objectif : « prévenir et de lutter contre le terrorisme international, l'immigration illégale et la criminalité transnationale organisée », explique la Commission européenne. Les GAR-SI ont cinq caractéristiques essentielles : « l’autonomie, la robustesse, la mobilité, la multidiscplinarité et la flexibilité pour adapter les techniques et les procédures en fonction des menaces ». Placé sous la direction de la Fondation espagnole (Fundaciòn Internacional y para Iberoaméricana de Administraciòn y Polìticas Publicas), la mise en œuvre opérationnelle est assurée par un consortium composé des gendarmeries française, italienne et portugaise. Budget total : 74,175 millions d'euros.