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Les fuites irritent à Bruxelles. La chasse aux sorcières a commencé

(B2) Les fuites dans les médias sur les discussions internes en particulier sur l'élaboration des sanctions européennes commencent à irriter sérieusement les États membres. Grognements, investigations, menaces de sanctions

Au COPS, lieu d'élaboration de la politique extérieure européenne, les fuites commencent à agacer (crédit : OTAN)

Des informateurs bien informés

Depuis quelques semaines, la plupart des discussions qui se déroulent normalement à huis clos au COPS, le comité politique et de sécurité, ou dans les groupes de travail du Conseil, fuitent dans la presse, avant même que la décision soit officialisée. Les milieux européens, vexés, se crispent et exigent des sanctions contre les impétrants, fustigeant ces satanés journalistes qui se permettent de répandre sur la place publique ce qui a été soigneusement décidé dans le secret des alcôves.

À la recherche des coupables ?

Chacun commence à se regarder de travers soupçonnant l'un ou l'autre de prendre son téléphone pour informer les journalistes, aussitôt la décision prise. La plupart des leaks concernent des sanctions sur la Russie ou l'Ukraine, certains se tournent vers les Baltes ou les Polonais. Les médias anglo-saxons (Politico, Wall street Journal, Radio Free europe, Reuters) étant les principaux bénéficiaires de ces fuites, d'autres pointent les Nordiques, etc. D'autres désignent des diplomates du sérail européen, qui auraient intérêt à mettre en valeur leur travail. L'ambiance est torride. Au point qu'une demande d'enquête a été officiellement demandée.

Une demande d'enquête

Après des informations diffusées par Radio Free Europe sur les discussions entre les 27 début février, la présidente du COPS (la Finlandaise Sofie From-Emmesberg, désignée par le Haut représentant) s'exclame : ce genre de comportement « peut mettre en danger la conduite du travail ». Elle demande au Conseil « d'examiner les possibles conséquences juridiques ». Elle n'est pas la seule. « Plusieurs États membres » soutiennent sa demande, selon le compte-rendu diffusé par notre collègue de Radio Free Europe, Rikard Jozwiak (via twittter). Un point qui nous a été confirmé, cela va des 'plus grands' pays aux ... plus petits. « C'est du grand n'importe quoi » râle un diplomate d'un État membre.

(twitter : Rikard Jozwiak - Radio Free Europe)

Des sanctions demandées contre les auteurs des fuites

La Belgique notamment, se référant à plusieurs divulgations de discussions au COPS, regarde la Russie. C'est un « manquement au secret professionnel des délibérations du Conseil » souligne le service juridique du Conseil. « Cette violation pouvant engager [la responsabilité] de la personne qui dévoile ('leake') l'information ». Des « investigations » peuvent être mises en place par le Conseil ou par les autorités belges. Chaque infraction de la confidentialité pourra aussi être suivie « d'une information à la hiérarchie ». Inutile de dire que consigne a été donnée aux différents porte-paroles et ambassadeurs de garder leur langue, et de fuir comme la peste tout journaliste.

Un point de vue qui interpelle

On peut comprendre le désir de garder secret le contenu des conservations tant que la négociation est en cours. En revanche, quand la négociation est terminée, il est troublant que cette position persiste. Rien n'interdirait en effet à un organe aussi important que le comité politique et de sécurité (COPS) de communiquer dès qu'une décision est prise. Cela éviterait cette attitude assez négative au final pour l'information européenne !

(Nicolas Gros-Verheyde)

Tout cela n'empêche pas B2 de faire son travail. Lire article à suivre (dimanche sur B2 Pro) : Droits de l'homme. Une quinzaine de noms prochainement sur la liste 'Magnitski' européenne

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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