EUTM Mozambique, Borrell en Russie, achat de Rafale par la Grèce, temps de travail dans les armées. Quelques actualités à suivre
(B2) Loin de l'actualité majeure de la lutte contre le Covid-19 on peut noter ces derniers jours des évolutions intéressantes... Elles seront particulièrement à suivre dans les mois à venir
Ces évolutions suivies de près par l'équipe de B2 méritent un petit commentaire pour nos lecteurs du blog.
1. Une quatrième EUTM, mission de formation militaire de l'UE, pourrait voir le jour
La mise en place d'une nouvelle mission de formation militaire (type EUTM) au Mozambique devient une hypothèse sérieuse. Le travail technique est commencé, ainsi que nous l'a communiqué dans un long entretien (exclusif) le ministre portugais des Affaires étrangères. Augusto Santos Silva revient de Maputo. Et son propos est intéressant. Car il met le doigt sur une forte demande des autorités mozambicaines : la formation des forces spéciales du Mozambique. Il ne faut pas s'illusionner : le travail est en cours. Le feu vert politique pourrait avoir lieu avant la fin juin (et la fin de la présidence portugaise). Cela ne signifie pas avoir des 'boots on the ground'. Mais une petite mission de formation européenne pourrait prendre pied en Afrique australe. Une première en soi pour la PSDC.
NB : Il faudra observer attentivement l'engagement français dans cette nouvelle mission. Même si ce n'est pas franchement, la zone habituelle d'engagement française, elle pourrait être logique pour au moins deux raisons. Il est courant dans les opérations européennes d'avoir une solidarité réciproque : en 'échange' d'un engagement des Portugais dans la task-force Takuba. De plus regardez une carte, avec Mayotte (et plus loin la Réunion), pour la France, il y a aussi une résonance géographique à cet engagement.
2. La Russie
Le déplacement du chef de la diplomatie européenne en Russie ne doit pas être minoré, sous prétexte que l'Union européenne n'a pas adopté de nouvelles sanctions à l'égard du régime de Poutine. Il est en effet porteur d'un message ferme et uni des Européens. Cela paraitre rien. Mais il fut un temps, où pour le même genre d'incidents, les Européens accouraient en ordre dispersé à Moscou. Certains pour dire leur courroux. D'autres pour dire, mezzo vocce, que les affaires continueront, as usual. Que les Européens aient choisi leur Haut représentant pour donner leur message est en soi un progrès.
3. La politique d'armement en grec
Le contrat signé lundi dernier (25 janvier) à Athènes par la ministre des Armées française, Florence Parly est intéressant à plus d'un titre. C'est la première fois que le Rafale est vendu à un partenaire européen. Et Paris entend poursuivre dans cette voie, en vendant l'avion de Dassault à la Finlande par exemple. Cette vente symbolise aussi un axe assez inédit entre Paris et Athènes, mais aussi avec Israël, l'Égypte, les Émirats, tous unis pour limiter la volonté d'avancée turque sur le Moyen-Orient élargi. Il symbolise aussi une certaine reprise de la course des armements, en Europe du moins (ailleurs au Moyen Orient ou en Asie, cette course a déjà repris).
4. Une application des règles européennes du temps de travail : très nuancée
Enfin, loin du terrain des opérations, on peut observer un mouvement imperceptible sur le terrain du droit du travail applicable aux forces armées. Dans des conclusions que B2 a lu avec attention, l'avocat général de la Cour de justice se dresse à un lui même s'est livré à un développement assez 'audacieux' en termes juridiques pour reconnaitre une exception plus large pour la France au titre de sa 'spécificité' (gros engagements Opex, Opint + nucléaire). Cela peut paraitre très précieux. En termes juridiques, c'est assez audacieux. La tendance de la jurisprudence européenne visait jusqu'ici surtout à généraliser le temps de travail à tous les travailleurs, quel que soit leur statut et leurs sujétions.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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