Force Takuba : qui participe, observe ou simplement soutient ? (v3)
(B2 – exclusif) La liste des pays européens venant renforcer l’opération Barkhane par des forces spéciales n’augmente pas de façon notable. Mais elle tend à se concrétiser

Cinq pays engagés au total
Deux pays sont déjà sur place (Estonie et Rép. Tchèque), un troisième devrait arriver, la Suède, avec un contingent notable (150 personnes). De quoi former trois task-groups, en partenariat avec les Français.
Seulement trois task-groups
Chaque contingent de forces spéciales est accolé à une ULRI (Unité légère de reconnaissance et d’intervention) de l’armée malienne. Avec en objectif le triple A : Assist (er), Advise (conseiller), Accompagn (er), la montée en gamme des forces maliennes jusqu’à ce qu’elles soient pleinement autonomes.
Le 1er task-group franco-estonien, le plus ancien, compte 60 Français et 30 Estoniens, basé à Gao et accolé à la 4e ULRI avec 90 personnels, venus de la 132e compagnie mécanisée de Gao, et quelques éléments nigériens.
Le 2e task-group franco-tchèque devrait avoir la même dimension (51 Français et environ 35 Tchèques), avec une capacité opérationnelle atteinte à la mi-janvier. Il sera basé à Menaka et accolé à la 2e ULRI. L’ensemble des militaires tchèques sont arrivés a précisé le porte-parole des armées, le colonel Burkhard lors du point de presse 15.01. Reste à faire l’incorporation opérationnelle. Ce qui devrait fait fin du mois ou plutôt février.
Le 3e task-group suédois sera lui aussi basé à Menaka, plus important. Ils seront opérationnels d’ici fin mars. Les Suédois fourniront également une QRF, force de réaction rapide, des éléments chirurgicaux, ainsi que quatre hélicoptères Black Hawk. Bien utiles pour l’opération Barkhane qui manque de moyens héliportés. Soit en tout un contingent d’environ 150 personnes. Les Suédois ne seront en revanche pas associés à une ULRI malienne (lire : La Suède et Takuba, la Russie, l’Otan par Peter Hultqvist).
Deux pays de plus d’ici la fin de l’année
Les Italiens n’arriveront pas tout de suite. L’idée de constituer un task-group (basé à Ansongo), comme prévu au départ (dans le projet de loi présenté par le gouvernement en mai 2020 et approuvé au Parlement en juillet) n’est pas confirmée. Le contingent italien devrait comporter une bonne centaine d’hommes, venus en partie des forces spéciales, avec une composante Medevac et huit hélicoptères (mixte transport et attaque). Arrivée prévue : plutôt au second semestre. Une première reconnaissance a été effectuée début février (lire : Task-force Takuba. Les Italiens arrivent).
Quant à la Grèce, « les discussions sont en cours » selon un responsable du ministère des armées, interrogé par B2 afin de déterminer le profil exact de leur participation. Celle-ci resterait « modeste », selon notre première appréciation, de l’ordre de quelques dizaines (maximum) de personnes qui n’intégreraient pas un taskgroup, mais feraient plutôt du soutien.
Une présence au QG
Quatre pays (Danemark, Belgique, Pays-Bas, Portugal) participent en envoyant de un à quatre officiers au quartier général de la force à N’Djamena ou à Gao (*). Cette participation est symbolique en soi, mais elle peut être utile pour préparer une participation future plus robuste, sur le terrain. Comme le dit un officier étranger, cela permet surtout d’en « connaitre davantage » sur les modalités de l’opération et de « rapporter » ces éléments au plan interne. A noter que tous ces officiers ne sont pas encore présents. Les Belges ne sont pas encore arrivés.
Un soutien politique
Trois pays ne sont pas présents physiquement, mais soutiennent politiquement la force (Allemagne, Norvège, Royaume-Uni). Le cas de la Norvège est symptomatique de la faiblesse d’engagement. Partants au départ pour aligner des forces sur le terrain, Oslo a reculé faute de soutien au Storting, le parlement norvégien.
(maj) D’autres participants l’année prochaine
La ministre française des Armées, Florence Parly, ne désespère d’obtenir d’autres participations. Elle l’a indiqué devant l’Assemblée nationale mardi (12 janvier). « Nous sommes en discussion avec les Allemands et les Portugais pour finaliser les conditions de leur déploiement avant la fin de l’année ». Ce n’est pas un « débat sur le principe, mais sur les conditions » a-t-elle précisé. Et pour le « déploiement suivant », d’autres pays en observation pourraient se décider : « nous sommes en discussion avec les Pays-Bas notamment ».
(Nicolas Gros-Verheyde)
(*) C’est l’addition de ces quatre pays, aux cinq précédents qui donne le chiffre de neuf, cité par la ministre des Armées, Florence Parly, dans les pays ‘engagés’ dans Takuba.
(mis à jour 13.01 et 16.01) sur les possibles participants futurs (ministre) – sur la présence tchèque complète et l’absence belge au QG – (30.03) sur la présence italienne et la présence suédoise