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Opération Irini : des possibilités d’inspection de navires limitées. Mais des résultats quand même

(B2) Le Haut représentant de l'UE, Josep Borrell a donné quelques détails, mardi (16 juin) au sortir de la réunion des ministres de la Défense, interrogé par les journalistes sur le cas 'Cirkin', ce navire turc interpellé par les Européens mais qu'ils ont dû laissé passer

La possibilité d'arrêter et d'inspecter un navire reste très encadrée en effet, tant par le droit de la mer que les règles d'engagement de l'opération.

Une possibilité d'inspecter les navires très limitée

« L'opération a des règles d'engagement et elle s'attache à obtenir des informations conformément à ces règles », a précisé Josep Borrell, Haut représentant de l'Union européenne. « Chaque fois qu'on voit un bateau suspect, on demande des renseignements. Si les informations s'avèrent satisfaisantes, on ne peut rien faire de plus. Ce n'est qu'en cas de non-réponse d'un navire que nous pouvons entreprendre un autre type d'activités. »

Une réponse satisfaisante dans le cas du Cirkin

Dans le cas du Cirkin, « le navire n'a pas répondu, mais les Turcs l'ont fait, répondant que le navire était affrété (chartered) sous la protection de la Turquie, amenant des matériels médicaux en Libye. Nous n'avions dès lors pas de raison spécifique de faire davantage selon les règles du droit de la mer, autrement que de transmettre les informations ».

Près de 130 'hélages'

Pour le Haut représentant, le résultat de l'opération Irini n'est pas à rejeter cependant, malgré cet échec. L'opération a hélé (adressé une demande de renseignement) des navires à plus de 130 reprises : plus d'une centaine en relation avec l'embargo sur les armes, 29 en relation avec l'embargo sur le pétrole. Ces 'hélages' ont permis « de recueillir des informations impliquant des acteurs des deux côtés du conflit et ont donné des résultats ». Tout cela est documenté et « transmis aux Nations unies ».

La neutralité respectée

Ce contrôle de l'embargo se fait tout azimut et n'est pas dirigé spécifiquement contre un pays — la Turquie par exemple — ou une des parties libyennes. « On est absolument neutre dans l'usage de nos capacités » affirme Josep Borrell. La preuve sur les plus de 130 demandes de renseignement, « la plupart n'étaient pas turcs ».

La détection d'avions transférés à Benghazi

De plus, « avec nos capacités aériennes, on a réussi détecté des transferts d'avions militaires, qui sont aujourd'hui dans les aéroports de Benghazi ». C'est-à-dire dans le camp Haftar (non reconnu par les Européens). « Et ce ne sont pas des avions de forces turques. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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