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Coalition contre Daech. Le personnel non nécessaire évacué. Les Européens quittent Bagdad et certaines bases d’Irak (v3)

(B2) Il semble bien qu'il y a ait eu un ordre généralisé d'évacuation du personnel militaire présent dans le cadre de l'opération de la coalition contre Daech, Inherent Resolve, et de la mission de formation de l'OTAN en Irak. Et ce mouvement pourrait s'accélérer dans les jours qui viennent

Soldats allemands déployés en opération (© Bundeswehr / Jana Leuman - Archives B2)

Un ordre bien réel...

La lettre fuitée du commandant américain en Irak, le général des Marines, William H. Seely, était peut-être « un brouillon » authentique, ainsi qu'arguent les autorités américaines, elle semble bien avoir été suivie dans l'esprit. Une lettre recommandant (ou ordonnant) le redéploiement des troupes présentes en Irak 'centrale' (Badgad, centre de l'Irak, etc.) hors du pays, au Koweit voisin pour les personnels du QG, ou en Jordanie par exemple.

... transmis aux partenaires de la coalition

Les ministres allemands de la Défense et des Affaires étrangères y font référence dans leur lettre envoyée au Bundestag (lire : L’Allemagne retire ses troupes de Bagdad et du centre de l’Irak). Et dans plusieurs capitales européennes, une décision a été prise et annoncée de retirer, temporairement d'Irak leurs troupes, et de les redéployer dans d'autres pays proches. Une décision « prise pour raison de sécurité ». Le Canada qui dispose d'un important contingent (environ 500 personnels, pour moitié dans la mission de formation de l’OTAN en Irak (NMI), le restant dans la coalition contre Daech, alias opération 'Impact' pour les Canadiens) a annoncé transférer certains personnels vers le Koweit. Un transfert qui résulte d’une « planification de la coalition et de l’OTAN » écrit le chef d’état-major de la Défense, le général J.H. Vance dans une lettre adressée aux familles le 7 janvier.

La crainte d'une attaque 'green on blue'

Ce que craignent, avant tout, les militaires (pour l'instant), ce sont davantage des attaques dites 'Green on blue', venant de militaires (irakiens) formés par les troupes de la Coalition ou de l'OTAN ou d'employés locaux, que des frappes aériennes (1).

Une dizaine de pays ont déjà ou sont en train de retirer leurs troupes

Selon les informations fournies de façon officielle, et compilées par B2, les Allemands, Britanniques, Bulgares (deux officiers rapatriés au Koweit), Croates (21 soldats), Lettons, Roumains (14 soldats), Slovaques, Slovènes (six soldats), ont déjà procédé au retrait ou à la relocalisation de leurs troupes. D'autres l'ont fait de manière partielle pour quelques officiers présents à Bagdad, comme les Espagnols (10 soldats sur les 13 à Bagdad), les Néerlandais ou les Lituaniens (3 soldats sur les 15 en Irak). Certains pays (Danemark, Finlande, Hongrie, République Tchèque, Suède) n'ont pas procédé à un tel rapatriement, parfois tout simplement car leurs troupes n'étaient pas dans le centre de l'Irak, mais au Kurdistan irakien.

Un mouvement appelé à s'accélérer

Les dernières frappes de missiles iraniens, notamment à Erbil, au Kurdistan ce mercredi matin, pourraient changer la donne et aboutir à un retrait ou une mise en sécurité de certains personnels supplémentaire. Tout dépendra de l'évaluation par le commandement de la coalition de la menace intérieure. À suivre...

(Nicolas Gros-Verheyde)

Mis à jour à 18h, 20h et 23h avec les précisions sur plusieurs pays (Lituanie, Canada, Pays-Bas)

  1. Les bases de la coalition ont déjà été la cible à plusieurs reprises ces dernières semaines de tirs de roquettes : « treize attaques au total dans les deux derniers mois », indique le 5 janvier, le porte-parole, le colonel Myles B. Caggins III sur twitter. Les deux dernières datant du 4 janvier avec deux attaques à la roquette sur Bagdad et Balad.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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