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Une Alliance en AVC

(B2) À Londres, le président Emmanuel Macron a réitéré son constat d'une OTAN en 'mort cérébrale'. Ce qui lui a attiré une remontrance du président Donald Trump sur le mode 'ce n'est pas gentil'.

De fait, il y a un réel problème politique à l'Alliance, ainsi que mentionné (Lire : L’OTAN est-elle toujours une organisation politique ?). Et, sauf à se mettre le nez dans le sable, la problématique turque comme américaine est reconnue par chacun. Si la terminologie d'Emmanuel Macron est un rien provocatrice sur la forme, elle est justifiée sur le fond. Personne ne le conteste vraiment.

D'un point de vue médical, d'ailleurs, il serait plus exact de dire que l'Alliance n'est pas morte. Mais qu'elle a fait un AVC, un accident vasculaire cérébral, et qu'une partie de son hémisphère cérébral reste paralysé. C'est une réalité qu'en interne personne ne conteste vraiment. Si l'outil militaire de l'Alliance est intact, et irremplaçable — l'OTAN reste une machine formidable à intégrer des structures militaires parfois très différentes —, et affiche une certaine solidité et il n'est pas de même en matière politique. Quel est l'objectif de l'Alliance ?

« Tous ses membres ne regardent pas dans la même direction. » explique un haut gradé. Or, « pour qu'une alliance militaire fonctionne, il faut que les militaires comprennent bien l'alliance géopolitique qui est derrière tout çà. [Il faut] une réflexion pour savoir quelle est la menace, concrètement quel est l'ennemi, comment on doit gérer par exemple la fin du traité sur les armes nucléaires à portée intermédiaire (FNI), est-ce que le terrorisme doit faire partie de nos missions ? [...] Il est important d'avoir une compréhension commune des menaces [...] On ne peut pas bâtir une planification, une stratégie sans cela. Le moment est venu de se poser la question. »

(Nicolas Gros-Verheyde)

Entretien réalisé avec RFI et Arte ce jour, et développé en version écrite

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).