L’offensive turque en Syrie rebat les cartes
(B2) Pour le général Claude Van de Voorde, chef du Service général du renseignement et de la sécurité belge (SGRS), l'avancée turque en Syrie amène plusieurs bouleversements
Même si sur le terrain la situation est très fluctuante, l'analyse du chef du SGRS faite devant les députés belges le 16 octobre dernier, mérite le détour.
Une situation qui peut aboutir à une impasse
Sur les cinq villes visées aux abords de la frontière — Ras al-Aïn, Tall Ayad, Manbij, Kobané et Qamichli — les deux premières sont tombées. Ce qui a entraîné le départ des troupes américaines. Pour le moment, « les Turcs restent dans le désert ». Les conclusions provisoires du SGRS sont qu'ils « se limiteront à ce triangle de 100 km de longueur et 30km de profondeur » en territoire syrien, souligne C. Van de Voorde mettant en évidence un point : « La situation actuelle va nous mener à une impasse ».
Une résistance kurde moins forte que prévue
Parmi les premiers constats, « la résistance kurde a été moins forte que prévue ». Ce qui explique une avancée turque assez rapide. Mais « l'alliance des Kurdes avec l'armée syrienne a changé la donne ». D'ailleurs, « les milices kurdes – les forces kurdes des SDF – sont à présent complètement intégrées dans une division de l'armée syrienne ». Cela constitue « un bouclier dissuasif vis-à-vis des Turcs, qui se montrent plus calmes et moins offensifs dans leurs actions ».
Un coup de maître des Russes
La Russie est gagnante dans cette action, selon C. Van de Voorde : « Il s'agit une nouvelle fois d'un coup de maître de la part du régime russe, puisqu'il renforce ainsi sa position dans la région au détriment de l'Union européenne et de l'OTAN. » Sur le terrain, la Russie est très présente. Sans qu'elle « participe pour l'heure effectivement aux combats, elle parraine l'armée syrienne » et dans certains cas, « les velléités offensives de l'armée turque sont tempérées par la présence d'une sorte de police militaire russe ».
... et une avancée syrienne
C. Van de Voorde rappelle aussi que s'agissant des « interlocuteurs pour l'avenir, la récupération du Nord-Est du pays par le régime d'Assad aura son importance » pour une solution future au conflit syrien.
(CG, st.)