La faute lourde des Occidentaux et de l’OTAN en Syrie (Emmanuel Macron)
(B2) Le président français Emmanuel Macron ne mâche pas ses mots sur l'intervention turque en Syrie comme sur le fonctionnement de l'Alliance atlantique
Il l'a exprimé de façon assez vive à Bruxelles lors de la conférence de presse clôturant le sommet européen vendredi (18 octobre) dans l'après-midi. « Je considère ce qui s’est passé depuis plusieurs jours est une faute lourde, de l’Occident et de l’OTAN dans la région » a souligné le président français interrogé par un journaliste. « J’ai découvert par tweet que les États-Unis décidaient de retirer leurs troupes et de libérer la zone, comme tout le monde. »
La crédibilité de l'OTAN compromise
Le futur à long terme de l'OTAN est en jeu, car l'offensive « affaiblit durablement notre crédibilité pour trouver des partenaires sur le terrain, qui se battront à notre côté, en pensant qu’ils sont protégés durablement » et surtout, « cela interroge aussi le fonctionnement de l’OTAN ». Le manque de communication entre Alliés est un problème. « Il est important que nous puissions nous réunir et nous coordonner, au moins entre les trois Européens (1) et la Turquie. »
La victoire de la loi du plus fort
« Aujourd’hui, dans la région, ceux qui sortent gagnants par la loi du plus fort [...], ce sont la Russie, la Turquie et l’Iran. Je ne suis pas sûr que cela ait été exactement l’élément stratégique qui était le plus pertinent, ni pour l’Europe, ni pour les USA. »
Tous les combattants en Syrie ne sont pas du PKK
Il y avait sans doute de bonnes raisons à la Turquie. « Je respecte tout à fait la lutte contre le PKK et les terroristes. Je l’ai toujours dit au Président Erdogan. [...] Mais beaucoup des forces démocratiques syriennes, et des combattants de la liberté, [comme] des combattants anti-Daech sur le terrain n’étaient pas du PKK. »
Ramener la Turquie à des positions raisonnables
Pour Emmanuel Macron, il faut « essayer non seulement de comprendre, mais de voir où la Turquie veut aller et comment la ramener à des positions plus raisonnables, qui permettent d’articuler sa sécurité intérieure et ses objectifs de sécurité intérieure avec aussi le respect de notre agenda et la juste solidarité qui est au sein de l’OTAN ».
L'autonomie stratégique européenne plus que jamais nécessaire
Le président français en tire une leçon pour l'Europe. « Nous ne pouvons plus être les partenaires minoritaires d’autres, mêmes si ce sont nos alliés, c’est tout ». Pour continuer à exister, l'Europe a besoin « d’une véritable autonomie, d’une Europe de la Défense véritable, c’est ça redevenir une puissance stratégique ».
(NGV et CG, st.)
(1) Le président pense certainement à la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne.
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