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Centrafrique : le peuple attend le retour de l’État (Denise Brown)

(B2) Sept mois après un accord de paix signé entre les groupes armés et les autorités gouvernementales, la sécurité s'améliore (un peu) en Centrafrique, mais pas la situation humanitaire

Militaires et policiers, servant comme casques bleus dans MINUSCA, patrouillant dans Bangui, République Centrafricaine, en octobre 2017 (crédit: ONU)

De passage à Bruxelles, Denise Brown, la représentante spéciale adjointe pour la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et coordinatrice humanitaire en Centrafrique, nommée en mars 2019, explique la situation.

Les trois plus grands problèmes : enfants soldats, violences sexuelles et risques sanitaires

Malgré que « les groupes armés aient signé des accords où ils s'engageaient à ne pas utiliser des enfants soldats », cette pratique n'a pas disparu. Cela est en partie lié au fait que les jeunes de 14-18 ans « n'ont pas d'éducation correcte, de travail ou d'espoir pour le futur ». « Il n'y a rien de facile en Centrafrique, surtout si tu es un enfant ». Le viol reste omniprésent, les mouvements de personnes à travers le pays n'aidant pas à contrôler la situation, tandis que « le système judiciaire est faible ». S'ajoute à cela un vrai risque lié à Ebola car le système de santé s'est effondré. « Les réfugiés dont la majorité sont au Cameroun, si ils décident de rentrer  [...] mettront de la pression sur le peu qui existe en Centrafrique. »

Moins de conflits armés, plus de criminalité

S'il y a un progrès à noter, c'est que « des gens [sont] à nouveau dans la rue », signe d'un regain de sentiment de sécurité. Cependant, « le pays a besoin d'être reconstruit, [car] il y a subi une destruction massive. Et cela requiert un effort sur le long-terme ». Autre problème, les groupes armés « doivent trouver une autre manière de générer des revenus » depuis qu'ils ont signé les accords de paix. Cela entraîne « une augmentation de la violence liée aux activités criminelles ». La fin des affrontements n'empêche donc pas la situation de rester « imprévisible ». D'ailleurs, dans le nord du pays, un « début de conflit [...] entre deux groupes armés » émerge, « la première fois depuis l'accord de paix ».

Le retour de l'État attendu

Au final, tout est lié à l'absence de l'État dans le pays. Dans certaines zones, il n'y a que « la MINUSCA et les humanitaires de présents ». Quant à l'impact des réformes du secteur de la sécurité du pays, « on peut voir une plus grande présence des forces armées centrafricaines (FACA) et de la police du gouvernement. Ceux-ci ont lancé un appel à recrutement et ont reçu un nombre écrasant de candidatures ». Au final, « le peuple veut [surtout] une restauration de l'autorité de l'État ».

(Clara Gantelet, st.)

Propos recueillis lors d'un point presse, le 20 septembre, à Bruxelles.

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Rédaction de B2

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