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Deux petits nouveaux dans l’initiative européenne d’intervention

(B2 - exclusif) Nos lecteurs les plus fidèles le savent déjà (lire : carnet de veille du 13.09). La Norvège et la Suède pourraient rejoindre l’initiative européenne d’intervention.

Soldats norvégiens en exercice (crédit : MOD Norvège - forsvaret.no)

Du moins, c’est un des sujets mis sur la table à la réunion ministérielle prévue demain (vendredi 20 septembre), sous présidence néerlandaise, au domaine De Zwaluwenberg à Hilversum. Réunion à laquelle assisteront de nombreux ministres de la Défense dont la Française Florence Parly.

Si la candidature d’Oslo ne fait pas de doute, celle de Stockholm est plus discutée, surtout à Paris. « Les Français notamment ne sont pas franchement enthousiastes à l’idée de voir l'un des pays qui est le moins 'opérations' » rejoindre l'initiative, nous confiait récemment une source européenne à B2. En effet, on a rarement vu les Suédois sur les théâtres d'opérations européennes ces derniers temps. Le moment où les forces spéciales suédoises faisaient impression au Congo (durant l'opération Artémis) semble bien loin (1). Mais il y a des logiques fortes au plan géopolitique : la Suède travaille beaucoup en bilatérale avec la Finlande, et est associée de près à l'arc nordique. L'objectif pourrait être aussi de convaincre Stockholm de prêter main forte aux Français, en déployant des troupes au sein de l'opération Barkhane au Mali.

Commentaire : une IEI de moins en moins 'noyau dur'

Si cette nouvelle était confirmée demain, l'IEI prendrait une tournure résolument nordique puisque du Royaume-Uni à l'Estonie, en passant par le Danemark ou la Finlande, tous les pays peu ou prou du nord de l'Europe seront présents.

L'IEI (ou EI2 selon l'abréviation anglaise) compterait alors douze participants. Chiffre mythique de la construction européenne (l'Europe du marché unique, les douze étoiles du drapeau européen, etc.).

L'Italie — consultée au début de l'Initiative mais qui avait fait faux bond après l'arrivée de la Ligue du Nord et Salvini au pouvoir — pourrait revenir dans le jeu. La Grèce également aurait été approchée.

Au rythme régulier des agrandissements de l'IEI, elle pourrait bien compter assez rapidement une quinzaine de participants. Ce qui la rapprocherait sensiblement, en nombre de pays participants, de la coopération structurée permanente (25 pays participants).

Ce n'était pas l'idée de départ de l'IEI, initiée par Paris, qui voulait un esprit 'noyau dur' — ceux qui peuvent et le veulent — contrairement à l'approche 'inclusive' développée au sein de la coopération structurée permanente (PESCO) sous impulsion essentiellement de Berlin. Cela traduit une inflexion gouvernementale, impulsée par Emmanuel Macron, visant à rassembler différents partenaires européens autour de projets communs.

(NGV)

  1. Les Suédois se sont davantage investis dans la mission de maintien de la paix de l'ONU au Mali. Jusqu'à 310 militaires ont ainsi servi la MINUSMA, en particulier en fournissant une unité de reconnaissance et de renseignement ( Intelligence, Surveillance and Reconnaissance ISR) stationnée à Tombouctou, et un détachement aérien basé à Bamako.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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