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Un hélicoptère Gazelle de Barkhane touché. Trois blessés rapatriés en France (V4)

(B2) Un hélicoptère français de type Gazelle de la force Barkhane déployé en appui des troupes au sol a été contraint à un atterrissage d’urgence vendredi (14 juin) lors dans le sud du Liptako malien, à proximité du Niger, a confirmé lundi (17 juin) l'état-major des armées. Une action très intense menée par les militaires français contre un groupe de l’Etat Islamique au Grand Sahel (EIGS)

Déploiement au Mali (crédit : état-major des armées / DICOD)

L'opération Aconi

L'opération dénommée 'Aconit' avait démarré jeudi (13 juin), avec comme objectif de porter « un coup significatif aux groupes armés terroristes (GAT) dans leur zone refuge du Liptako malien et nigérien ». Action menée « en liaison avec les forces armées maliennes (FAMa) et en coordination avec l’armée nigérienne », qui agissait de l'autre côté de la frontière, au sud. Ce sont « les renseignements » recueillis par les Nigériens qui ont apparemment permis de cerner le « groupe armé terroriste », appartenant à l’Etat Islamique au Grand Sahel (EIGS).

Un groupe terroriste auteur d'une embuscade contre les forces nigériennes

Une opération menée « en réaction à l’embuscade menée contre nos camarades des Forces armées nigériennes le 14 mai dernier près du village de Balle-Berri dans la région de Tillabéri au Niger près de la frontière malienne » indique le colonel Nicolas de Chilly, commandement du 4e régiment de chasseurs alpins (4e RCh) de Gap, qui forme actuellement l’ossature du Groupement Tactique Désert 2 (GTD-2) « Edelweiss » déployé au Mali. « Il devenait impératif de réduire significativement leur potentiel de combat. »

Commandos héliportés, hélicos, drone, Mirage

En fin de soirée, les commandos héliportés de Barkhane, appuyés par une patrouille d'hélicoptères Tigre et un drone Reaper, « se sont engagés dans une zone boisée dans la région d'Azabara, afin d’affronter directement le groupe terroriste qui y avait été repéré ». Le lendemain, des avions Mirage 2000 sont venus en appui avec « une séquence de frappes sur les positions où l’ennemi s’était retranché », puis un sous-groupement blindé ainsi que les militaires maliens des FAMa se sont déployés.

Plus d'une vingtaine de terroristes 'neutralisés' et du matériel sais

Le résultat est parlant selon les Français. « Plus de vingt terroristes [ont été] neutralisés » au total (blessés ou tués). Et « parmi eux, probablement des chefs de groupes. Ce qui porte un coup d’autant plus rude à l’adversaire. Il lui faudra sûrement du temps pour s’en relever, pour se réorganiser. » Les fouilles de la zone effectuées par les militaires français et maliens (FAMa) ont permis de saisir « beaucoup de matériel » : des munitions, de l’armement, plus d'une vingtaine de motos, des moyens d’observation, « et également du matériel sensible, comme des téléphones et des clés USB. Autant d’indices recueillis sur le terrain qui vont parler et nous en dire plus sur les groupes que nous avions en face de nous » indique le colonel de Chilly. Plusieurs 'adversaires' ont été soignés par les équipes médicales françaises.

Un hélicoptère touché, trois blessés

Lors de l'opération, un hélicoptère Gazelle français a été atteint par les tirs. L'atterrissage a été brutal. Les trois membres d’équipage, blessés, ont été évacués vers l'antenne médicale de Gao, et rapatriés vers la France « par mesure de précaution ». « Leurs jours ne sont pas en danger » précise le communiqué du ministère des Armées. L'hélicoptère aurait été atteint par des tirs. Un sous-groupement blindé français de la force Barkhane a sécurisé la zone d’atterrissage permettant l'évacuation des blessés. Le reliquat de terroristes présent dans le secteur a été « mis hors de combat ».

Une opération de search and rescue des plus audacieuses

Selon notre collègue de Radio France internationale Olivier Fourt, ce sont « des tirs de mitrailleuse Kalachnikov-PKM de calibre 7.62 » qui ont provoqué « un incendie puis une perte de puissance moteur, obligeant l’équipage à effectuer un atterrissage forcé ». L'hélicoptère Tigre qui s'est posé en opération de sauvetage ne pouvait embarquer les blessés, la cellule étant trop exigüe. Mais la situation impose un moyen d'exception : « les deux soldats les plus sérieusement blessés sont sanglés à l’extérieur de l’appareil près du train d’atterrissage » et évacués vers un lieu plus sûr. Le troisième homme d'équipage, « fait sauter » l'hélicoptère Gazelle et rejoint ensuite « un autre appareil » arrivé sur place.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Lire aussi : Retour en images sur l'action clé des chasseurs alpins dans le Liptako malien et nigérien

Mis à jour le 25.6 avec les éléments de RFI, le 27.6 avec les éléments transcrits par la Dicod du colonel de Chilly (source DICOD) et restructuré avec les intertitres pour plus de lisibilité, et le 29.6 précisions sur les blessés

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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