Droit d’asile : la solidarité à géométrie variable
(B2) Les dernières statistiques publiées par Eurostat sur le droit d'asile sont frappantes. Elles illustrent bien le différentiel de solidarité qui existe dans l'Union européenne
L'Allemagne reste toujours généreuse
Sur les quelque 333.400 demandes d'asile acceptées par les pays européens, l'Allemagne remporte la palme de la générosité. Elle reste le principal pays d'accueil avec plus d'un tiers des droits d'asile accordés (139.555), suivie par l'Italie (47.885) et la France (41.440) en troisième position.
Autriche, Suède et Grèce proportionnellement plus impliquées
On peut remarquer que l'Autriche (20.700) et la Suède (19.605), tout comme la Grèce (15.805) assument une part du fardeau largement supérieure en proportion avec leur population. Tandis que le Royaume-Uni (17.205) se retrouve en retrait.
Une faible solidarité à l'Est
Alors qu'ils fêtent avec tambours et trompettes leur entrée dans l'Union européenne (il y a 15 ans très exactement), les pays de l'Est de l'Europe se signalent par un faible octroi du droit d'asile, refusant de fait d'assurer leur part du fardeau : 435 personnes en Pologne (essentiellement de Ukraine et Russie) (1), 365 en Hongrie (essentiellement d'Afghanistan et de Syrie), 165 en Tchéquie (venant de Syrie et d'Irak), 45 en Slovaquie (venant du Yémen et d'Afghanistan). Les pays les plus pauvres de la région (Bulgarie et Roumanie) sont les plus généreux de la zone...
Des petits poucets qui assument leur part du fardeau
Pour comparer, on peut noter que les "petits poucets" européens, les deux îles États de Méditerranée, Chypre et Malte, sont incomparablement plus généreux : 1225 personnes et 660 personnes accueillies respectivement. Avec un territoire et une économie qui ne sont pas automatiquement plus florissantes que celles de leurs homologues d'Europe de l'Est entrés au même moment dans l'Union européenne.
(NGV & ES)
Voir le dernier communiqué d'Eurostat, publié jeudi (25 avril).
Un droit d'asile en décrue
En 2018, les 28 États membres ont accordé le droit d'asile ou une protection temporaire à 333.400 personnes. Soit 40% de moins qu'en 2017 (533.000 protections). A ceux-là, il faut ajouter 24.800 réfugiés réinstallés indique Eurostat. Les Syriens sont les premiers bénéficiaires de cette protection (29%), suivis des Afghans (16%) et des Irakiens (7%). Soit globalement le même trio de tête qu'en 2017.
- Le cas de la Pologne est symptomatique, d'une part car c'est un pays avec une superficie et une population comparables à celles de l'Espagne ; d'autre part par la population accueillie. Les premières nationalités accueillies (en nombre) ne sont pas des originaires de pays du Moyen-Orient ou d'Asie (Syrie, Afghanistan, Yémen...) comme les autres pays est-européens, mais des nationaux de pays voisins (Ukraine, Russie).