Brexit, Luxleak : les mea culpa de Jean-Claude Juncker
(B2) A six mois de son départ, l'actuel président de la Commission européenne a reconnu mardi (7 mai), deux grandes « erreurs » durant son mandat. Un mea culpa tardif
La réaction tardive sur les Luxleaks : une « grave erreur »
Sur les mécanismes d'évasion fiscale révélés par les Luxleaks en 2014, « j'ai attendu trop longtemps avant de réagir, ce fut une grave erreur. Il m'a fallu deux semaines pour réagir. J'aurais du le faire immédiatement », reconnait l'ancien Premier ministre luxembourgeois. NB : à l'époque, la Commission européenne avait nié en bloc tout problème préférant ne pas communiquer sur le sujet (lire : Luxleaks ! Une formidable opportunité d’agir… un peu gâchée).
Brexit : un silence coupable
« Ma seconde erreur a été d'écouter le gouvernement britannique, d'écouter Monsieur Cameron (1) qui m'a demandé de ne pas intervenir dans la campagne du Brexit. C'était une erreur de ne pas intervenir et de ne pas interférer dans la campagne du référendum. Nous aurions été les seuls à pouvoir démonter tous les mensonges qui circulaient à l'époque. » Pour le président de l'exécutif européen, « rester silencieux à un moment aussi important a été une erreur »...
Elections : inquiétude
Malgré un optimisme de bon aloi, Jean-Claude Juncker n'a pas caché cependant son inquiétude à moins de trois semaines des élections européennes. « Tout le monde doit aller voter! [...] Si tout le monde vote pour les extrêmes, à quoi ressemblera l'Europe de demain ? »
(Leonor Hubaut)
(1) David Cameron était alors le Premier ministre conservateur britannique
M. Juncker semble s’être fait une spécialité dans la présentation d’excuses pour des motifs divers. Selon un article de PRI du 19 février 2010 (1), après la révélation des manoeuvres visant à dissimuler une partie du passif de l’Etat grec, M. Juncker les présentait déjà au monde entier (“I’d like to apologize to the world at large”) pour n’avoir pas su empêcher une mauvaise décision. Il faisait allusion au fait qu’en 2005 l’Eurogroupe qu’il présidait avait refusé de doter Eurostat, l’organe statistique de l’Union européenne, de pouvoir d’audit et d’investigation sur les finances publiques des Etats membres, ce qui aurait permis à cet organisme d’établir l’ampleur des dissimulations, d’en rendre compte à ses mandataires, et aurait empêché les agences de notation de faire semblant de croire aux informations trompeuses concotées par l’Administration grecque. Franchement, au regard des milliards engloutis par les finances publiques de tous les Etats membres afin d’éponger le défaut de paiement grec qui ne dit pas son nom, ce n’est pas cher payé que de présenter quelques excuses.
(1) : Article “Greece: The Brussels blame game begins”, PRI, 19 février 2010.