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La France reste en tête des exportations européennes vers l’Arabie saoudite pour 2017

(B2 - exclusif) Le dernier rapport de l'Union européenne sur les exportations des armes (qui n'est pas encore publié, mais obtenu par B2) pour l'année 2017 montre comme les années précédentes une position de leader de la France pour les exportations d'armes vers l'Arabie saoudite.

La France reste en tête

La France a ainsi octroyé 172 licences d'exportations pour un montant de 14,6 milliards et un montant réel de 1,38 milliard de réalisés. On constate, comme les années précédentes, (lire : Qui en Europe exporte des armes vers l’Arabie saoudite ? Paris est-il un partenaire privilégié de Ryad ?) un très fort différentiel, plutôt extraordinaire par sa constance, entre les exportations réalisées et celles autorisées (un ratio supérieur de 1 à 10 pour 2017).

Une domination très nette

Ce qui représente une nette majorité des exportations européennes : 30% des licences autorisées et 60% des exportations réelles. Les pays de l'Union européenne ont en effet octroyé 588 licences pour un montant de 17,3 milliards et exporté pour 2,27 milliards. On peut noter que trois pays n'ont pas renseigné le taux d'exportations réalisé en 2017 : Royaume-Uni, Allemagne, Belgique.

Royaume-Uni puis Bulgarie et Espagne suivent

En seconde position, le Royaume-Uni avec 144 licences pour un montant de 1,28 milliard (*). La Bulgarie arrive en troisième position avec 40 licences, pour un montant de 385 millions d'euros et 417 millions d'euros réalisés. Et l'Espagne avec 27 licences pour un montant de 496 millions d'euros et 270 millions d'euros réalisés se place en quatrième position.

Allemagne et Italie diminuent leur volant d'exportations, la Belgique remonte

L'Allemagne est en cinquième position avec 132 licences pour un montant de 254 millions (*) et on trouve la Belgique en sixième position avec 8 licences octroyées pour un montant de 152 millions d'euros (*) devant l'Italie avec 12 licences pour un montant de 52 millions (et 131 millions réalisés). On peut noter que si la Belgique a augmenté ces autorisations, l'Allemagne comme l'Italie ont nettement diminué par rapport à l'année précédente 2016.

Un groupe de pays de l'Est ferme la marche

Plus loin, on trouve un groupe de cinq pays de l'Est :

  • la Croatie avec 7 licences pour 48 millions d'euros (et 21 millions d'euros réalisés) ;
  • la Slovaquie avec 3 licences pour 20 millions d'euros (et 48.725 euros réalisés) ;
  • la Rép Tchèque avec 9 licences pour 18 millions (et 28 millions réalisés) ;
  • la Roumanie avec 1 licence pour 5 millions (et 14 millions réalisés) ;
  • la Pologne avec 5 licences pour 4,7 millions (2,4 millions réalisés).

Les montants restent modestes par rapport aux pays de tête, mais sont relativement importants proportionnellement par rapport à l'économie de la défense de ces pays.

Quelques pays à exportation mineure

Mise à part la Finlande — avec 1 licence pour 1,5 million d'euros (5,3 millions exportés) —, les quatre autres pays européens mentionnés (Danemark, Hongrie, Portugal, Suède) ont octroyé ou réalisent des exportations pour des montants mineurs.

Six refus de licences

En 2017, 6 licences ont été refusées pour trois motifs essentiellement : risque de détournement de la technologie ou des équipements militaires dans le pays ache­teur ou de réexportation ; préservation de la paix, de la sécurité et de la stabilité régionales ; matériel pouvant servir à des violations des droits de l'Homme et du droit international humanitaire.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(*) Il n'est pas possible de distinguer les pays qui n'ont pas renseigné ce chiffre des pays qui n'ont réalisé que 0 exportations en 2017 (en ayant autorisé des licences)

Lire aussi : Le Parlement veut réclamer un contrôle accru des exportations d’armes et un embargo vers l’Arabie Saoudite

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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