Les Britanniques se retirent de l’opération Sophia
(B2 exclusif) Les Britanniques ne seront plus qu'une 'force associée', une force d'appoint, à l'opération maritime anti-trafics de l'UE en Méditerranée (EUNAVFOR Med / Sophia). Ce qui équivaut à un simili retrait de l'opération
Que signifie être associé ?
Les Britanniques continueront de fournir des moyens maritimes au cas par cas à l'opération Sophia. Mais ceux-ci n'opéreront plus dans le cadre de l'opération Sophia dans la chaîne de commandement européenne. Ils interviendront sur une décision prise par le commandement britannique, et pour les missions qu'ils auront choisies, en réponse le cas échéant à une demande de Rome (1). Depuis l'été, ainsi, il n'y a plus de navire arborant le White Ensign (le pavillon de la Croix de Saint-Georges) dans l'opération. Ce qui constitue un changement singulier (2). Les Britanniques ont contribué depuis le début, et ceci de façon régulière, avec un navire et des moyens de renseignement et d'information, à l'opération (lire : Face à la tragédie en Méditerranée, le Royaume-Uni répond « présent »).
Pourquoi cette décision ?
Les Britanniques ont fait connaître leur décision aux responsables européens, qu'ils ont rapidement mise en œuvre. Une mesure qui tient à l'arrivée prochaine du Brexit (mars 2019 normalement), mais aussi et surtout au changement de position de Rome sur le port de débarquement. La décision du gouvernement d'abandonner son obligation d'accueillir, comme port de débarquement, les migrants et réfugiés récupérés en mer, lors d'opérations de secours (SOLAS) par les navires, a été perçue comme un signal d'alerte. Pour Londres, hors de question de se retrouver avec des personnes à bord, qui ne pourraient être débarquées immédiatement dans un port proche.
Le Royaume-Uni reste très présent en Méditerranée
Les navires britanniques continueront de patrouiller dans la zone méditerranéenne, où ils disposent de deux bases (à Gibraltar et à Chypre) et de participer aux opérations ... de l'OTAN. Ainsi le navire hydrographique HMS Echo (H-87), qui a participé à l'opération Sophia, est devenu ainsi le navire amiral de l'opération de l'OTAN Sea Guardian.
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Un peu comme le fait la France dans l'océan indien en contribuant au coup par coup à l'opération anti-piraterie de l'UE (EUNAVFOR Atalanta).
(2) Londres n'est pas le seul à avoir sa décision. Pour diverses raisons, deux autres pays habitués des opérations maritimes — Pays-Bas et Belgique — ont déjà décidé de ne plus fournir de moyens pour 2018 et 2019.