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Le fantôme du bloody sunday hante la défense britannique

(B2) Le ministère britannique de la Défense étudie actuellement les moyens de renforcer la protection juridique de ses soldats engagés en Irlande du Nord au siècle dernier.

Une accusation de meurtre pendante

C'est la révélation, qu'un ancien sergent du régiment de parachutistes est accusé de tentative de meurtre pour avoir blessé peut-être deux personnes lors du Bloody Sunday à Londonderry en 1972 (1) qui a suscité cette levée de bouclier. « Nous sommes actuellement en train de consulter de nouvelles institutions pour améliorer le système actuel et veiller à ce qu’il n’y ait pas d’attention injuste et disproportionnée sur les anciens membres des forces armées et des policiers », a indiqué le ministère de la Défense.

Une amnistie bloquée par les protagonistes du conflit

Le principe d'une amnistie générale avait été évoquée. Mais elle a jusqu'ici été bloquée par les deux protagonistes du conflit : le Sinn Fein, entend que des soldats britanniques puissent être poursuivis pour leur action, tandis que les protestants du DUP craignent que cela n'autorise l'impunité des anciens de l'IRA. Plusieurs députés conservateurs se sont émus de cet état de fait, faisant circuler un email, parvenu au quotidien Telegraph, qui reproche au Premier ministre de ne pas avoir instauré de délai de prescription pour les anciens soldats faisant l'objet d'une enquête criminelle.

Une enquête criminelle toujours en cour

Le service de police d'Irlande du Nord (PSNI) a, en effet, ouvert une enquête sur un meurtre après le rapport Saville de 2010 qui avait conclu que les personnes tuées ou blessées le dimanche sanglant étaient innocentes. Mais cette enquête traîne en longueur. Elle est hautement sensible, mais se heurte aussi à des difficultés d'ordre technique et juridique, comme Sir Hugh Orde, l'ancien chef de police du PSNI (de 2002 à 2009), l'a confié au  programme Spotlight de la BBC. « Il est très clair qu'après 50 ans, les chances de parvenir à des preuves permettant à un procureur de pouvoir engager des poursuites sont extrêmement faibles. » Les chances sont même « hautement improbables », juge-t-il.

(1) Des militaires d'un régiment de parachutistes de l'armée déployés pour maintenir l'ordre avaient ouvert le feu sur des manifestants de droits civiques, faisant 14 morts (13 morts durant la manifestation, un quatorzième décédé plus tard).

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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