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La MINUSMA victime à Tombouctou d’une attaque terroriste complexe. Des Français touchés (V3)

(B2) Un Casque bleu a été tué et une dizaine d'autres blessés, ce samedi (14 avril) dans l'après midi, lors d'une attaque du camp de la force des Nations unies au Mali (MINUSMA) à Tombouctou qui a touché également sept Français de Barkhane, la base française étant colocalisée sur la zone de l'aéroport. Le bilan qui resté flou est désormais connu.

patrouille de nuit (crédit : Minusma / Archives B2)

Une attaque complexe

L'attaque était « importante » et « complexe » a confirmé la MINUSMA, dans un communiqué, avec tout d'abord tirs de mortiers, tirs d'armes et utilisation de véhicules suicides. La « situation est désormais sous contrôle » a précisé la MINUSMA en soirée. L'attaque a duré plus de trois heures si l'on se fie aux horaires communiqués par le ministère malien de la Sécurité : l'attaque a eu lieu vers 15h (17h heure de Paris) et s'est terminé vers 18h30 (20h30 heure de Paris).

Trois véhicules piégées

L'attaque était particulièrement étudiée. Trois véhicules (et non pas deux seulement comme évoqué dans un premier temps) se sont ainsi présentés aux portes du camp de l'ONU, l'un portant les couleurs des Forces armées maliennes (FAMA), l'autre le sigle UN des Nations Unies. Certains des occupants portaient des uniformes de casques bleus. « Cette attaque visait à prendre le contrôle de ce camp et à occasionner le plus grand nombre de dégâts. » Les véhicules étaient piégés, pour les faire exploser « dans le but de créer une brèche dans l’enceinte » précise-t-on du côté français. « Le premier véhicule piégé a explosé tandis que le second portant a pu être immobilisé » complète le ministère malien de la sécurité.

Une réplique importante : 15 terroristes au tapis

Les militaires de la MINUSMA et ceux de la force Barkhane ont « repoussé les attaques menées à l’intérieur de l’enceinte, neutralisant les assaillants » précise l'état-major français des Armées (EMA) dans un communiqué publié sur sa page facebook. En tout « 15 terroristes ont été mis hors de combat ». Certains des attaquants (deux au moins) portaient des ceintures d'explosifs. Des moyens de renfort ont été immédiatement engagés depuis Gao et Niamey.

Des renforts de Niamey et Gao

Il a fallu employer les grands moyens : « une patrouille de Mirage 2000 » pour du show of force et avoir des images de la zone, « une patrouille d’hélicoptères Tigre et des commandos déployés par hélicoptère de transport NH90 et avion de transport tactique » précise-t-on à l'EMA. L'engagement des moyens de Barkhane a permis « en premier lieu de sécuriser l’aéroport pour permettre l'évacuation des blessés » puis, « avec la MINUSMA, de reprendre le contrôle ». « La situation au 15 avril matin est stabilisée ». Plusieurs des attaquants se sont, semble-t-il, évanouis dans la nature.

Les camps de Barkhane et de la Minusma atteints : une vingtaine de blessés

Le bilan exact des victimes a d'abord été incertain pendant plusieurs heures. Les autorités françaises laissant planer le doute. Le ministère malien de la Sécurité a le premier évoqué des blessés français, une dizaine côté Barkhane ; 1 mort, 12 blessés et cinq blessés graves coté MINUSMA. Contacté par B2, samedi soir et dimanche matin, l'état-major des armées n'a tout d'abord pas souhaité ni confirmer ni infirmer cette information, préférant se laisser le temps de confirmer les informations (1). Les soldats suédois, basés aussi à Tombouctou (au camp Nobel de la Minusma), ont clairement indiqué (via twitter) ne pas avoir été touchés. Au final, le bilan s'établit donc à 1 mort et 10 blessés côté des casques bleus et « 7 militaires français blessés », ont été évacués vers Gao, et pris en charge notamment l'hôpital de rôle 2 des forces françaises (qui dispose d'un plateau chirurgical).

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) L'armée française ne donne généralement pas de bilan précis tant qu'elle n'a pas tous les éléments de fait (il peut y avoir des doubles nationalités également), que les blessés ne sont pas 'conditionnés' et leur état connu, ainsi que les familles prévenues, le cas échéant.

NB : la situation au nord et au centre du Mali reste très tendue. Et la MINUSMA perd un lourd tribut au maintien de la paix (plus de 100 morts dans les rangs des casques bleus). Lire aussi :

Papier complété le 14.4 dans la nuit (avec bilan du ministère malien) et 15.4 au matin avec la première réponse française, et le 15.4 en fin d'après-midi avec les éléments plus concrets (bilan français, nature de la réplique, bilan côté attaquants)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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