Un secours a failli tourner mal au large de la Libye. Italie et Malte bloquent leurs ports
(B2) Le navire OpenArms d'une ONG espagnole Proactiva a été pris à partie jeudi (15 mars) par les garde-côtes libyens. Alors qu'il se trouvait à 73 miles de la côte libyenne, ceux-ci ont menacé le navire « de nous cibler à moins que nous ne leur transférions les femmes et les enfants que nous avons déjà sauvés » dénonce un des membres de l'ONG.
#breaking Libyan coastguards, 73 miles off Libyan coast, are threatening our ship, a European-flag one, to target us unless we transfer them the women and children we have already rescued
— PROACTIVA OPEN ARMS (@openarms_fund) 15 mars 2018
Les garde-côtes libyens à l'offensive
Les volontaires étaient en train d'effectuer le sauvetage d'un bateau pneumatique, où se trouvaient à bord 101 personnes de nationalité érythréenne. Ils avaient déjà transféré dans leurs deux bateaux de sauvetage, 25 femmes et sept enfants, quand le navire des garde-côtes a commencé à effectuer des manœuvres dangereuses raconte Cristina Mas, une journaliste du quotidien catalan Ara qui se trouvait à bord du navire de l'ONG.
Le patrouilleur libyen « s'est approché dangereusement, abaissant même son échelle extérieure pour montrer qu'il était prêt à capturer des migrants ». « Si vous ne nous donnez pas les immigrants, nous vous tuerons » a indiqué le capitaine du patrouilleur libyen aux volontaires espagnols de l'ONG. La confrontation a duré plus de trois heures. Finalement, les sauveteurs ont pu embarquer tous les occupants du canot pneumatique.
Le navire 648 des garde-côtes
Apparemment (quand on regarde la vidéo tournée par les journalistes), le navire des garde-côtes libyens est siglé '648'. Celui-là même qui s'était fait connaitre pour une attitude pour le moins offensive à l'égard d'un autre navire d'ONG, le Sea Watch 3, le 6 novembre 2017 (lire : 5 morts au large de la Libye. Les garde-côtes libyens mis en accusation).
Un hélicoptère en survol
« Un hélicoptère a aussi survolé la zone tout au long de la journée [mais] n'a même pas répondu aux appels de l' OpenArms » soulignent-ils. Du côté de l'UE, on dément cependant « qu'aucun moyen de l'opération (Sophia) ait été impliqué ». Cela signifie qu'il s'agit d'un hélicoptère de la marine italienne.
Sans port de débarquement ?
Vendredi matin, le navire de l'ONG a mis sur le cap sur le nord, « attendant des instructions » comme le raconte Oscar Camps, le fondateur de Proactiva. A son bord 218 personnes — 117 personnes d'un précédent sauvetage et les 101 de ce sauvetage. A midi, aucun « port européen ne leur a été assigné » par le centre de coordination des secours de Rome (MRCC). L'équipe médicale de bord a alors demandé l'évacuation des cas les plus sérieux.
The emergency situation continues in #openarms In view of the refusal to disembark in a European port, the medical team requests immediate evacuation of the most serious medical cases. What shame! @hrw pic.twitter.com/ds2PgdHx7z
— Oscar Camps (@campsoscar) 16 mars 2018
Un bébé et sa mère évacués sur Malte
Un bébé de trois mois gravement malade, déshydraté, et sa mère ont ainsi pu être évacués vers Malte. Ils ont été transférés en mer, selon nos informations, vers un navire des forces armées maltaises qui les a pris en charge. Mais l'ONG n'avait toujours pas de port de débarquement pour les autres réfugiés à bord. « C'est très urgent. A bord nous avons 216 personnes, et beaucoup de femmes et d'enfants en situation critique. Tout le monde est à la limite ».
(mis à jour) En fin de journée, la bonne nouvelle arrive enfin. Le navire reçoit un appel des garde-côtes italiens. Ils sont autorisés à entrer dans le port de Pozzalo (Sicile) pour y déposer les réfugiés secourus.
Un rappel à l'ordre européen
La position européenne reste ferme a indiqué un porte-parole de la Commission, joint par B2 : « Il est impératif de ne pas mettre la vie des migrants en danger, quelles que soient les circonstances. Nous condamnons tout acte de violence à leur encontre. Tous les acteurs doivent agir dans le plein respect du droit international et des standards humanitaires. »
(Nicolas Gros-Verheyde)
Mis à jour 16.3 22h30