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Devant l’ONU, Abbas appelle à l’aide internationale pour la paix au Proche-Orient

Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas devant le Conseil de sécurité de l'ONU (crédit : UN)

(B2 avec AFP) Le président palestinien Mahmoud Abbas a réclamé mardi (20 février) au Conseil de sécurité de l'ONU la « création d'un mécanisme multilatéral » pour régler la question palestinienne. « Il est essentiel de créer un mécanisme multilatéral grâce à une conférence internationale » pour avoir la paix au Proche-Orient », a-t-il dit.

Le dirigeant a ainsi rejeté le principe d'une médiation unique des Etats-Unis dans le processus de paix au Proche-Orient, qui demeure de toute façon dans l'impasse depuis des années. « Aidez-nous! », a imploré le président palestinien aux 15 membres du Conseil de sécurité. Mahmoud Abbas a ensuite quitté la salle sous les applaudissements, n'assistant ni à l'allocution de l'ambassadrice américaine Nikki Haley, ni à celle de son homologue israélien, Danny Danon.

Pas de plan B

« Il n'y a pas de plan B [....] à une solution à deux Etats »,  a indiqué de son côté le secrétaire général de l'ONU, Antonio Gutteres. Elle passe par les éléments déjà posés à Oslo et repris régulièrement par les Européens comme par la communauté internationale : « une solution à deux États démocratiques, Israël et Palestine, vivant côte à côte pacifiquement dans des frontières sûres et reconnues. Une solution qui aborde toutes les questions liées au statut final sur la base des résolutions pertinentes des Nations Unies, du droit international et des accords mutuels ».

La Palestine milite pour sa reconnaissance

Lors de sa longue intervention, le président palestinien a demandé aux pays n'ayant pas reconnu l'État de Palestine de le faire. Sur les 193 nations membres des Nations Unies, 138 États l'ont fait, a-t-il rappelé. « Nous reviendrons au Conseil de sécurité et demanderons à avoir cette protection » d'une reconnaissance pleine et entière d'un État. « Reconnaître l'Etat de Palestine ne va pas contre des négociations » mais les favorise, a-t-il insisté.

NB : La Palestine est depuis 2012 "Etat observateur non membre" de l'ONU, ce qui lui a permis d'intégrer des agences onusiennes et de rejoindre la Cour pénale internationale (CPI). Mais un statut de membre passe par une recommandation du Conseil de sécurité à l'Assemblée générale de l'ONU, qui doit être acquise à l'unanimité, du moins sans veto. Ce qui serait étonnant de la part des Etats-Unis, premier soutien d'Israël.

La question de Jérusalem

Le président palestinien a aussi dénoncé les décisions unilatérales comme la reconnaissance fin 2017 des Etats-Unis de Jérusalem comme capitale d'Israël, mais de manière beaucoup plus modérée qu'il ne l'avait pas fait dans les jours qui avaient suivi l'annonce de la décision. « Nous voulons que Jérusalem soit ouverte aux trois religions monothéistes », a-t-il souligné, réclamant la « suspension » de cette décision et que Jérusalem soit aussi la capitale du futur État palestinien. Tout cela sous le regard fixe de Nikki Haley, l'ambassadrice américaine, qui est restée les bras croisés.

La médiation unique américaine rejetée

Mahmoud Abbas a cependant rejetté la médiation unique de l'administration américaine depuis cette décision américaine sur Jérusalem.

"Cette décision ne changera pas", a répondu sèchement l'ambassadrice américaine. Elle a reproché à l'ONU de passer "trop de temps" à parler du Proche-Orient et de mettre en cause systématiquement la responsabilité d'Israël, "le pays le plus démocratique du Moyen-Orient", dans l'absence de progrès. En décembre, les Palestiniens avaient bénéficié de l'unanimité du Conseil de sécurité moins une voix - un veto de Washington - pour condamner la décision américaine de reconnaissance de Jérusalem. Cette condamnation avait ensuite été approuvée majoritairement par l'Assemblée générale de l'ONU. L'ambassadeur israélien a rejeté en bloc le discours du président palestinien. "Vous ne faites pas partie de la solution mais du problème". "Lorsque nous tendons la main, Mahmoud Abbas tend le poing", a-t-il résumé. - Mirage et désert - L'administration Trump affirme travailler sur un plan de paix pour le Proche-Orient mais ce dernier semble toujours dans les limbes. "Ils sont en pleine discussion interne", explique un diplomate, qui doute que Washington sache déjà où en venir. Jared Kushner, gendre du président Donald Trump et au rôle d'intermédiaire au Moyen-Orient, avait fait le déplacement à New York pour assister à la réunion du Conseil de sécurité. Le "compromis" envisagé par l'administration américaine contient "beaucoup de potentiel" pour améliorer la vie des Palestiniens, a assuré Nikki Haley, sans élaborer.

"Nous n'avons jamais refusé le dialogue", a affirmé le président palestinien, en estimant que "Israël s'est détourné de la solution à deux Etats". "Le gouvernement de Donald Trump n'a pas éclairci sa position. Est-il favorable à un Etat ou deux Etats?", a-t-il demandé. "L'occupation israélienne qui était autrefois temporaire est devenue permanente", a-t-il déploré. "Quatre-vingt-six résolutions de l'ONU sont restées lettre morte", a-t-il également asséné.

Un mirage dans le désert ?

"Si on n'y prend pas garde, cette solution (de deux Etats) disparaitra comme un mirage dans le désert", a abondé l'ambassadeur français, François Delattre.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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