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Le couple franco-allemand condamné à réussir

Les ministres de l'Économie français et allemand, Bruno Le Maire et Wolfgang Schaüble en conciliabule bilatéral (© NGV / B2)

(B2) Le couple franco-allemand est redevenu l’alpha et l’oméga de la politique européenne de la France. Ce Sommet franco-allemand à Paris pourrait en être la preuve.

Les dirigeants français et allemands, flanqués d’une dizaine de leurs ministres, se retrouvent ce jeudi (13 juillet) à l’Elysée pour une réunion qui est destiné à devenir un rituel plus affirmé dans les années à venir. Du moins, c’est la volonté affichée à l’Elysée par l’entourage d’Emmanuel Macron, mais aussi à Berlin où on espère une position plus engagée, française, sur l’Europe.

Une réunion en plusieurs formats

Cette réunion, assez courte dans la durée, une grosse matinée, comportait une succession de séquences alternant rencontres bilatérales entre chaque ministre français avec son homologue outre-rhin, des réunions de travail des dirigeants, des visites symboliques, notamment à l’Espace « Paris Jeunes », autour de trois thèmes principaux : la sécurité et la défense, l’économie et l’innovation, la jeunesse et la culture.

Un deuxième pas pour la PESCO

Une réunion du Conseil franco-allemand de la sécurité et de la défense, présidée au plus haut niveau, était prévue, pour acter l’engagement de Paris et Berlin dans la création d’une Coopération structurée permanente, version plus technocratique du projet d’Union européenne de sécurité et de défense. Avec l'adoption d'une première feuille de route. Ce qui constitue un deuxième pas avec la déclaration d'intention affichée au dernier sommet européen. Et les deux dirigeants entendent bien porter sur les fonts baptismaux, l’Alliance pour le Sahel, symbole de la volonté déterminée à Paris comme à Berlin, de stabiliser une zone pleine d’enjeux pour la France comme l’Allemagne, que ce soit en termes de terrorisme, d’immigration mais aussi de développement économique (lire : Paris et Berlin lancent une Alliance pour le Sahel).

Pas de révolution, mais des premiers pas ... en matière de défense

 

De cette réunion au sommet, il ne faut cependant pas attendre de décisions révolutionnaires que ce soit sur le renforcement de la Zone Euro – une promesse de campagne du candidat Macron – ou la création d’une Union européenne de la défense et de sécurité – un projet auquel l’Allemagne tient. Ces décisions, particulièrement complexes, nécessite de « prendre du temps » explique-t-on à l’Elysée. Et le principe de réalité oblige à attendre la fin des élections allemandes, c’est-à-dire jusqu’à fin septembre. Mais ce sommet de l’Elysée se veut révélateur d’une impatience, tout autant française qu’allemande, de voir l’axe Paris-Berlin revivifié, de le voir retrouver toute sa pertinence. « On a travaillé, vraiment, de concert » est le motto français. Un leitmotiv qui n’est pas uniquement de l’ordre de l'opération de com' (malgré les apparences).

La France a envie, l'Allemagne a besoin

Tout pousse aujourd’hui à un réel engagement de part et d’autre du Rhin. La France a retrouvé un rôle de leader convaincu et convainquant sur le plan européen. Emmanuel Macron n’a pas la timidité, le côté pusillanime, qui caractérisait son prédécesseur, François Hollande, sur les questions européennes. L’Allemagne a besoin d’un allié fort et constant à ses côtés. L’Europe « trop allemande », tant décriée – chacun le sait – tenait surtout à une France qui ne tenait pas son rang. Ses positions, en accordéon — un jour je t’aime, un jour je te critique – ne passaient pas en Allemagne. La politique allemande, la Chancelière surtout, préfère une Europe structurée, qui avance de façon affirmée, selon un rythme déterminé.

Une lune favorable

Enfin, Paris et Berlin bénéficient d’une « lune favorable ». Après septembre, les deux gouvernements auront une période de presque deux ans sans élection. La sortie programmée du Royaume-Uni, à l’horizon 2019, laisse le couple franco-allemand, face à face, sans alternative possible. Aucune excuse ne sera désormais recevable. Angela Merkel et Emmanuel Macron le savent. Ils ont tout loisir d’imprimer une nouvelle marque tant à leur relation qu’à l’Europe de demain. Mais ils n’ont pas d’autre choix que d’être plus solidaires.

Nicolas Gros-Verheyde

(article paru dans Sud-Ouest ce matin)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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