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L’Europe se réveille ? Un trio de choc en France

Emmanuel Macron face aux soldats de l'opération Barkhane, avec ses ministres de l'Europe et des Armées (© NGV / B2)

(B2) C’est un trio de choc qui a été mis en place par le nouveau président français de la République, Emmanuel Macron, pour gérer les questions européennes et de défense.

Un trio de choc en piste pour l’Europe

Entre Jean-Yves Le Drian, à « l’Europe et aux Affaires étrangères » qui a arpenté, durant ces cinq dernières années passées à la Défense, nombre de capitales et connait particulièrement certains responsables en Afrique, au Moyen orient mais aussi en Europe, Marielle de Sarnez, déléguée à « l’Europe », qui bénéficie des réseaux des Libéraux et Démocrates au Parlement européen comme dans plusieurs capitales européennes et Sylvie Goulard, aux « Armées », qui est particulièrement bien implantée à Rome ou à Berlin, sans oublier la cellule diplomatique de l’Elysée, dirigée par un diplomate expérimenté, Philippe Etienne, et le président Macron lui-même, la France s’est dotée d’une avant-garde de choc, fine connaisseuse des questions européennes, pas dupe des procédures et dotée d’un sérieux entregent. Même si des différences de tactique pourraient se manifester, on a là une équipe assez homogène qui pourrait, en matière d'Europe de la Défense, permettre à la France de foncer et d'entraîner des partenaires (1).

Enfin !

Le gros chantier entamé sur la défense, qualifiée de priorité pour la relance européenne, devrait ainsi bénéficier d’une nette impulsion française. Enfin ! Sous François Hollande, il y a eu des idées, de bonnes intuitions, des projets... mais il a manqué la décision à haut niveau, un engagement important. L'entente Paris-Berlin, point indispensable pour faire avancer la politique européenne de défense, a été souvent factice, ou du moins insuffisante pour changer la donne de façon importante. Des prémices ont cependant été posées.

Une conjonction des astres

Le contexte sécuritaire comme politique y sont favorables. Entre les menaces multiples, les enjeux budgétaires, l’incertitude américaine et le mystère turc, sans oublier la rudesse russe aux frontières, les Européens n’ont plus vraiment d’autre choix que de travailler davantage ensemble. Plus par raison que par passion. A Bruxelles, tant Jean-Claude Juncker, président de la Commission, que Antonio Tajani, au Parlement européen, ou Federica Mogherini, la cheffe de la diplomatie européenne, sont tous déterminés à pousser ce dossier.

La belle endormie se réveillerait-elle ?

Illustration de cette conjonction des astres, les ministres de la Défense des 28 sont tombés d’accord jeudi (18 mai) pour finaliser la mise en place d’un mini quartier général militaire à Bruxelles. Un projet resté en plan depuis plus de dix ans. Certes ce QG ne sera composé que de quelques dizaines de personnes. Et il ne commandera que trois (petites) missions. Mais ces missions sont placées à des points stratégiques en Afrique. A Mogadiscio (Somalie), Bamako (Mali) et Bangui (Centrafrique), les militaires européens forment leurs homologues africains. Une tâche qui n’est pas de tout repos. Quant à la Commission européenne, elle peaufine un programme, destiné à cofinancer certaines capacités militaires européennes. Une brique de plus pour le futur Fonds de défense, souhaité à Paris comme à Berlin.

Trouver un accord entre Paris et Berlin

Entre les deux capitales, tout n’est cependant pas encore parfaitement soudé. La mise en place d’une « coopération structurée permanente » de la défense suscite des divergences de par et d’autre du Rhin. Faut-il un noyau « très dur » prêt à s’interposer dans des conflits ? L’option française. Ou faut-il une plate-forme assez large de pays, pour faire des projets à la carte, d’entrainement ou d’opération ? L’option allemande. Les avis divergent encore… Ce sera le premier test grandeur nature de notre trio de choc sur l’Europe de la défense.

Nicolas Gros-Verheyde, à Bruxelles

Version rallongée du papier paru dans Sud-Ouest Dimanche, avec une 'Une' très graphique et qui pose la bonne question

(1) Ce qui est l'essentiel. Lire : Entre Européens et Américains, il n’y a pas de malentendu mais des divergences

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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