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Attaque sur les Champs élysées. Attention à ne pas céder à la surenchère

(B2) Un policier a été tué, un autre a été grièvement blessé, et un troisième plus légèrement, sur la « plus belle avenue du monde », les Champs Élysées, jeudi soir (20 février), juste avant 21 heures. A trois jours du premier tour des élections présidentielles. l'évènement n'est pas anodin. Dans l'échange de tirs, une passante a été blessée.

Un combattant venant de Belgique

La police semblait délibérément visée par l'agresseur qui a arrêté son véhicule à hauteur des forces de l'ordre, sortant de son véhicule, pour tirer sur eux, à l'arme semi-automatique, selon les premiers éléments d'information – « un fusil d'assaut selon le procureur François Molins – (1). L'agresseur a été abattu (2). L'attentat a très vite été revendiqué par l'organisation de l'état islamique (Daesh), citant Abu Youssef al belgiki selon Wassim Nasr. C'est-à-dire un combattant venant de Belgique (3).

Un terrorisme assez classique

Au-delà de l'émotion première, on peut remarquer que cet acte — comme celui commis à Orly contre des militaires du dispositif Sentinelle samedi 18 mars 2017 – s'assimile au terrorisme classique s'en prenant aux représentants de l'État (4). D'un point de vue technique, il était tout à fait possible à l'agresseur de s'en prendre à la foule présente sur les Champs élysées. Ce qui aurait eu un effet autrement plus négatif en termes de nombre de victimes comme d'impact dans la population. Il a choisi de s'en prendre spécialement aux uniformes mais dans des endroits choisis, hautement symboliques et fréquentés par les touristes. L'objectif recherché est, ici, à double détente : dans un premier temps, marquer la possibilité de frapper à tout moment, contre des forces de l'ordre, dans un second temps, indiquer aux touristes que Paris n'est pas une ville sûre.

Solidarité européenne

Le commissaire européen chargé du terrorisme, le Britannique Julian King, a été un des premiers à réagir, se disant « choqué » par « le meurtre d'un policier à Paris et 2 blessés victimes d'une attaque terroriste ». « Mes pensées [vont] aux familles et [j'exprime ma] solidarité avec eux » a-t-il indiqué sur son compte twitter.


Le Premier ministre belge Charles Michel a condamné cette « lâche et ignoble agression ».

L'ancien haut représentant de l'Union, l'Espagnol Javier Solana a aussi voulu exprimer « toute sa solidarité avec les Français ».

La chancelière allemande, Angela Merkel, a réagi par la voix de son porte-parole : adressant « ses condoléances » au président François Hollande. « Ma sympathie va aux victimes et à leurs familles » a-t-elle ajouté.


Le ministre allemand des Affaires étrangères a réagi sur twitter à ces « nouvelles choquantes de Paris. Nous pleurons les victimes et sommes fermement et résolument du côté de la France » a expliqué Sigmar Gabriel.


Le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johson a aussi tenu à exprimer ses condoléances.


La résilience nécessaire

Les différents responsables politiques, et candidats à la présidentielle, vont désormais devoir faire preuve d'un maximum de résilience. C'est-à-dire de résister à la tentation de surexploiter cet évènement, d'en rajouter dans la dramatisation et dans des propositions faites sur le coup de l'émotion. Ce serait le pire de tout. Ce serait en fait donner une prime aux auteurs de l'attentat. Ce que recherchent les terroristes, ce n'est pas en soi l'acte destructeur de vies mais le souffle médiatique et politique supplémentaire qui suit, qui a un effet d'autant plus important que l'acte commis a une symbolique importante. De ce point de vue, l'annulation des déplacements de campagne électorale n'est pas automatiquement une bonne chose. S'il permet d'éviter des déclarations faites sous le coup de l'émotion, plus néfastes qu'utiles, il participe aussi de la dramatisation de l'acte.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(1) La question de l'origine de l'arme va devoir être analysée de près, notamment dans le cadre de la nouvelle législation européenne sur le contrôle des armes automatiques ou semi-automatiques. Lire : Le renforcement du contrôle des armes à feux à l’intérieur de l’UE (fiche)

(2) Un individu (Karim Cherfi) de nationalité française, résidant à Chelles est déjà connu pour des antécédents similaires. Il avait été condamné en 2003 à 20 ans de prison pour une attaque contre des policiers, comme le rappelle le Parisien.

(3) Ce qui ne cadre pas avec le profil connu de l'individu abattu par la police, cf. ci-dessus.

(4) A l'inverse des attaques au Bataclan ou sur les terrasses qui ressortissaient d'un acte de terrorisme 'pur', visant délibérément non pas les forces de l'ordre mais la population ordinaire.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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