MSF répond aux accusations de Frontex
(BRUXELLES2) Les ONG, notamment Médecins sans Frontières, ont vivement réagi à la mise en cause par certaines agences européennes de leur action en Méditerranée. C’est un article du Financial Times, qui a mis le feu aux poudres, se basant sur le rapport du corps européen des garde-frontières.
Un facilitateur de trafic
L’agence Frontex estime que les ONG donnent aux trafiquants « des indications claires avant le départ concernant la direction à prendre [aux trafiquants] pour trouver les bateaux des ONG ». Une accusation portée également par le contre-amiral Credendino, le commandant de l’opération maritime en Méditerranée (EUNAVFOR Med). Dans son dernier rapport — que B2 a lu avec attention et décrypté (lire : Méditerranée. Les flux de migrants se renversent, les trafiquants s’adaptent) — celui-ci les accuse également de frôler avec les limites des eaux territoriales libyennes et de faciliter les trafics.
Le recours à la presse critiqué par les ONG
Médecins Sans Frontières (MSF), le jour de la parution de l’article du journal britannique, a demandé une « clarification immédiate de la part de FRONTEX », regrettant que ces informations « aient été partagées avec la presse et non avec les organisations elles-même ». « Ces allégations sont très graves et extrêmement dommageables », souligne Jens Pagotto, qui dirige les opérations de recherche et de sauvetage de MSF.
Le problème, c’est l’UE
Pour MSF, c’est « l’échec de l’Union européenne et de son agence de contrôle aux frontières à réduire le nombre de décès en mer » qui ont « forcé les organisations humanitaires à intervenir » pour éviter d’autres drames. « L’action humanitaire n’est pas la cause de la crise mais une réponse à celle-ci. Si les ONG rentrent à la maison, le nombre de morts en mer ne fera qu’augmenter. »
L’UE doit ouvrir des voies légales
Si le modèle commercial des contrebandiers existe « c’est, en partie, parce que l’Union européenne n’offre aucune alternative sûre et légale aux réfugiés et aux migrants qui cherchent la sécurité en Europe » martèle Pagotto. « S’attaquer à cela serait la meilleure façon d’arrêter les morts inutiles en mer et d’éliminer les réseaux de contrebande. »
(Leonor Hubaut)