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Quand Juncker explique la Belgique aux Belges…

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"Je ne suis pas nerveux... j'explique la Belgique aux Belges" - Jean-Claude Juncker à la conférence de presse lors de la signature du CETA avec le Canada

(B2) Clôturant la conférence de presse sur la signature du CETA, l'accord de libre échange et économique global avec le Canada, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, questionné par le journaliste du Soir, Jurek Kuczkiewicz, s'en est pris assez violemment au CDH, le parti chrétien-démocrate humaniste (francophone) comme au fonctionnement de la Belgique. C'est assez rare pour être noté et cela mérite d'être retranscrit quasi-intégralement...

Il n'y a pas eu d'ultimatum

C'était à la toute fin de la conférence, le président Donald Tusk s'apprête à boucler la séance de conférence de presse... le président de la Commission en profite pour dire « J'aurai quelques mots en direction de la Wallonie. » Et il embraye aussitôt saluant « le président de la région wallonne » alias Paul Magnette quant il dit que « La Commission a joué un rôle positif avec la Wallonie et la Belgique. Nous avons toujours dit qu’il n’y avait pas d’ultimatum, qu'il était plus important de signer que de savoir à quel moment on signera. »

Je ne suis pas nerveux... j'explique la Belgique aux Belges

Une fois le décor planté, Juncker attaque... « L’interlocuteur de la Commission n’est pas la région wallonne, c’est le gouvernement fédéral. Nous avons fait exception à la règle en discutant avec la Wallonie. Normalement les entités régionales devraient se mettre d’accord avec le gouvernement fédéral sur leur cahier d’exigences et de doléances ».

Le CDH dans la ligne de mire de la colère de Juncker

« Je m’inscris en faux contre tout procès d’intention. Nous n’avons jamais menacé la région wallonne. Jamais ! Qu’on cesse de dire — et je le dis à l’intention du CdH et à son président (NB : Benoit Lutgen) —, qu’on cesse de dire que la Commission a menacé de conséquences désastreuses, pour la Wallonie, le gouvernement ou le parlement wallon. Nous étions très engagés aux côtés de la Wallonie pour que toutes les incertitudes qui entouraient cet accord puissent être levées. » Un accord « qui n’a d’ailleurs pas été changé d’une virgule » balance-t-il au passage, démentant ainsi toute victoire des francophones belges.

La Belgique doit réfléchir à son fonctionnement interne

Et de conclure par un vibrant: il falloir « que la Belgique réfléchisse à son monde de fonctionnement international ».

(NGV)

NB : Le président de la Commission s'est en revanche bien gardé de répondre à la question posée qui était l'image de la Wallonie après les déclarations du commissaire allemand Günther Oettinger estimant qu'une « micro-Région gérée par des communistes qui bloque toute l’Europe, ce n’est pas acceptable ! » (lire sur Le Soir)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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