Une intervention humanitaire italienne en Libye très politique
(B2) C'est une intervention à but humanitaire, mais très symbolique, que viennent de réaliser les forces italiennes, lundi (11 janvier), en posant un C-130 à Misrata, avec des médecins et des infirmiers, pour évacuer 15 Libyens, grièvement blessés, lors du récent attentat du 7 janvier contre le Centre de formation de la police de la côte libyenne. 15 blessés graves ont ainsi été pris en charge et rapatriés sur l'hôpital militaire de Celio en Italie. Parmi eux, deux, plus gravement, ont été hospitalisés en soins intensifs ; les autres, polytraumatisés, et déjà traité par le service libyen de santé, ont été hospitalisés dans d'autres départements de l'Hôpital de Celio. « Aucun des blessés n'est dans un état critique » précise le communiqué italien.
Aviosn de surveillance et forces spéciales mobilisées
L'avion avait décollé à l'aube de l'aéroport de Pratica di Mare, il a atterri à Misrata où une équipe médicale militaire interforce a procédé à l'embarquement des blessés à bord de l'avion. L'opération a mobilisé des unités militaires des forces spéciales de sécurité et des avions de surveillance. C'est un « geste concret de solidarité et de l'attention de l'Italie envers le peuple libyen dans une phase particulièrement délicate du processus de stabilisation du pays » souligne-t-on à Rome.
Un geste à haute portée politique
Cette évacuation sanitaire ne ressemble effectivement pas à d'autres régulièrement pratiquées par les forces aériennes. Certes, il ne s'agit que d'une évacuation sanitaire, à titre humanitaire. Mais elle fait figure de vrai test à plusieurs niveaux : politique et opérationnel, international et national. D'une part, c'est la première fois, à ma connaissance, depuis les évènements de 2011, qu'une force 'occidentale' se pose sur le sol libyen. D'autre part, et surtout, la demande d'aide a été faite du tout nouveau Conseil présidentiel de la Libye installé après l'accord de Skhirat.
Un premier acte de la toute nouvelle autorité libyenne
Au-delà du traitement des blessés ainsi rapatriés, on est là dans une gestuelle tout autant politique à grande valeur symbolique, pour la toute nouvelle autorité libyenne toujours très soucieuse de sa souveraineté (une manière d'asseoir son autorité), pour l'Italie (une manière d'asseoir son intérêt primordial sur le destin de la Libye) mais aussi pour l'Europe. Les Européens ne parlent pas en l'air quand ils proposent leur assistance à la Libye. Ils sont prêts à le faire, quand et où l'autorité libyenne le demande...
(NGV)
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