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La Grèce appelle l’Europe au secours. Il était temps !

Déploiement d'officiers de Frontex en 2012 à la frontière grèco-turque (crédit : Frontex / Archives B2)
Déploiement d'officiers de Frontex en 2012 à la frontière grèco-turque (crédit : Frontex / Archives B2)

(B2) Il aura fallu un peu de temps et quelques articles de presse, toute comme la menace d'une sortie de Schengen (agité en sous-main par la Commission européenne par le biais de quelques fuites savamment organisées dans plusieurs quotidiens nationaux). Finalement Athènes a décidé de demander l'aide de l'Europe.

Le mécanisme de protection civile déclenché

La Grèce a activé aujourd'hui le mécanisme de protection civile de l'UE demandant un soutien matériel pour faire face à l'afflux des réfugiés et des demandeurs d'asile dans le pays. La grèce a besoin en toute urgence de tentes, de générateurs, de lits, d'équipements sanitaires et des trousses de premiers soins d'urgence. Cette aide est coordonnée par le Centre des interventions d'urgence de la Commission (CESU), en étroite liaison avec les autorités grecques et les autres Etats.

Une nouvelle opération à la frontière de la Macédoine

Athènes a également approuvé aujourd'hui le plan opérationnel (OpPlan) d'une nouvelle opération de l'agence Frontex, qui sera déployée à la frontière entre la Grèce et l'ancienne République yougoslave de Macédoine (FYROM), où l'agence aidera avec l'enregistrement des migrants. Le déploiement d'agents supplémentaires débutera la semaine prochaine.

Un renfort de gardes-frontières en mer Egée

Enfin, la Grèce a déposé aujourd'hui une demande formelle de déploiement d'une équipe d'intervention rapide aux frontières (RABIT) pour fournir un renfort immédiat de garde-frontières dans les îles de la mer Égée. Frontex va maintenant traiter la demande comme une question de priorité.

Plus de 50.000 personnes passent en Grèce

Plus de 50.000 personnes ont cherché refuge en Grèce depuis le 1er novembre (en provenance essentiellement de la Turquie). Soit un rythme moyen de 1600 personnes par jour. Ce rythme - selon nos informations - a décru de façon notable depuis le sommet tenu avec la Turquie et l'octroi d'une facilité de 3 milliards d'euros. Ankara semble ainsi avoir décidé de contrôler un peu plus sa frontière et de mettre fin au laissez-aller des derniers mois. Une pratique assez régulière de la Turquie, semble-t-il si on en croit les diplomates européens.

L'article 222 du Traité déclenchable

On peut se demander vraiment dans les conditions auxquelles fait face la Grèce s'il n'y avait pas matière à déclencher la clause de solidarité de l'article 222 du Traité (1). Selon le texte, un État membre — affecté par une catastrophe, d'origine humaine, peut invoquer cette clause « s'il estime, après avoir exploité les possibilités offertes par les moyens et les instruments existants, tant au niveau national qu'à celui de l'Union, que la situation dépasse manifestement les capacités de réaction dont il dispose ». On se trouve manifestement dans cette hypothèse. La seule question est de savoir si la Grèce a « exploité » tous les instruments existants au niveau de l'Union européenne. Force est de reconnaître que non. La demande de déclenchement du mécanisme de protection civile, faite seulement aujourd'hui par Athènes, le prouve...

(NGV)

(1) Lire aussi : Déclencher la clause de solidarité. Une clause envisagée par Paris après les attentats du 13 novembre, la France ayant finalement tranché pour une approche plus intergouvernementale et militaire avec l'article 42.7 (lire :  La France peut-elle déclencher une clause de solidarité de ses alliés ? Quel intérêt ?)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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