Entre Varsovie et Bratislava, une petite odeur de soufre (maj)
(B2) La lettre qu'a envoyée le ministre slovaque de la Défense, Martin Glváč, juste avant Noël, à son homologue polonais, Antoni Macierewicz sent le soufre. Elle révèle ainsi que les événements récents au Centre d'excellence de l'OTAN sur le contre-espionnage à Cracovie (Lire : Le gouvernement polonais met au pas ses ‘Services’) ne se sont pas tout à fait passés dans une atmosphère de parfaite concertation et d'harmonie entre Varsovie et Bratislava, contrairement aux dires du ministère polonais de la Défense.
« Je lance un appel à mettre fin à toutes les mesures non-conformes » écrit le ministre slovaque, selon l'extrait publié par Radio Zet. Martin Glváč rappelle également que ce centre d'excellence spécialisé sur le contre-espionnage est, avant tout, une institution « internationale indépendante qui ne peut pas être et ne fait pas partie du ministère polonais de la Défense ».
Martin Glváč demande, également, de façon plutôt ironique : « avec qui les Polonais se sont consultés sur la prétendue nomination d'un nouveau directeur du centre ? », avant de poser une ultime question. La Pologne souhaite-t-elle toujours contribuer à la mise en place de Centre et comment ? « J'attends (des) propositions au plus tard à la fin janvier 2016 » lance-t-il dans une missive, qui a une petite tonalité d'irritation, d'autant que en sont destinataires également les Premiers ministres Polonais (Beata Szydlo) et slovaque (Robert Fico), mais aussi le J2 (chef renseignement) du Shape et son alter ego américain J2X de l'EUCOM, come le siège de Commandant suprême allié Transformation de l'OTAN (SACT), dirigé par un Français, le général Denis Mercier (1). Les prochaines réunions au niveau des ministres du groupe de Visegrad risquent d'être chaudes...
(Maj) Le ministre polonais de la Défense a réagi publiquement à cette missive. Dans un communiqué, le secrétaire d'Etat à la Défense, Tomasz Szatkowski, affirme avoir — au nom du ministre Macierewicz — assuré le ministère slovaque de la Défense « que les mesures prises par la direction du ministère polonais de la Défense s'appliquent seulement aux travailleurs polonais qui ont accès à l'information classée ». Ces mesures « ne concernaient pas et ne concerneront pas le personnel slovaque » du centre assure-t-il avant de conclure. « Nous voulons tous que le CEK reçoive son accréditation dès que possible ».
(Nicolas Gros-Verheyde)
(1) Le ministre slovaque des Affaires étrangères, Miroslav Lajcak, et les représentants des pays qui participent au centre (Allemand, Croate, Italien, Lituanien, Roumain, Slovène, Tchèque) ont aussi été les destinataires de cette lettre.