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Quels pays ont répondu à l’appel de la France ? François confirme les infos B2 !

FrancoisHollande18Decembre2015 2(B2) François Hollande a, tout à l'heure, lors de la conférence de presse finale dressé à son tour un petit bilan de la mise en application de l'article 42.7. Cela s'est fait en deux temps : d'abord une intervention liminaire, préparée d'avance, plutôt optimiste. Puis un recalage, un peu plus précis quand nous l'avons interrogé en soulignant que nous n'avions pas tout à fait, les mêmes noms que lui dans notre besace...

L'Europe a été au rendez-vous

« Un mois après que le ministre de la Défense ait saisi ses homologues, les pays européens ont répondu. Le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique, la Suède, le Danemark, les Pays Bas, l’Italie. Il y a une très grande solidarité, très grande mobilisation pour nous permettre d’avoir sur le plan militaire la réponse et la riposte qui est nécessaire . Nous unissons nos forces contre Daech. Et nous veillons aussi à ce que les trafics que Daech peut organiser, trafic de pétrole, trafic d’œuvres d’art puissent être annihilés. La France peut faire le constat que la solidarité a été au rendez-vous. »

Merci de faire enquête

L'occasion était trop belle pour ne pas demander quelques précisions au président, car il nous semblait un brin lyrique. Dans notre enquête, en effet, nous n'avons pas noté un tel enthousiasme néerlandais ou italien par exemple. François Hollande, dans une taquine réponse,  a d'abord « remercier « de faire enquête et me fournir (ainsi) des informations qui peuvent être utiles »... Puis il a apporté quelques précisions, utiles, car elles qualifient l'engagement de chaque pays, et rétropédalent un peu dans son exposé de départ.

Décision importante au Royaume-Uni

Le président français a notamment voulu expliquer pourquoi la réponse du Royaume-Uni et de l'Allemagne en particulier étaient fondamentales, au plan politique comme militaire.

Au Royaume-Uni, « c'est important car Cameron avait été empêché d’intervenir quand la France y était prête, par rapport au régime de Bachar qui avait utilisé des armes chimiques. Cette fois-ci, il a pu obtenir le concours de son parlement, de la Chambre des communes pour agir en Syrie contre Daech. » (1)

Et décision majeure en Allemagne

Pour l’Allemagne, aussi, « c’est une décision tout à fait majeure prise par la Chancelière et le Bundestag. C’est la première fois que les Allemands vont pouvoir participer à une opération extérieure, pas seulement en fournissant du matériel mais aussi du personnel (2). Donc c’est un moment très fort de solidarité. »

La Suède : pas si simple vu la tradition

« D’autres pays, comme la Suède (3), ont annoncé le 16 décembre des moyens en matière de transport aérien. Là aussi, vous connaissez la tradition de la Suède, ce n’était pas si simple. »

D'autres contributions en attente

« En Belgique (4) et au Danemark (5), des débats sont en cours aussi pour cette contribution. Et je sais que l’Italie (6), les Pays-Bas (7) ont aussi cette volonté. En Espagne (8), il y a des élections dimanche. Et ce sera après le scrutin que nous pourrons avoir la confirmation. »

Des contributions modestes mais symboliques de la solidarité

« Nous allons continuer avec tous les pays. Quelquefois ce sont des pays qui donnent des contributions modestes (9) mais qui sont symboliques aussi de leur volonté de participer à la lutte contre le terrorisme, contre Daech et de montrer aussi une solidarité à l’égard de la France. »

Commentaire : Nous n'aurions pas dit mieux. Et comme c'est le Président qui le dit...

(Nicolas Gros-Verheyde)


Notre fact-checking

(1) Exact

(2) Le président s'enthousiasme quelque peu. L'Allemagne s'est fortement engagée dans les Balkans, d'abord, dans les années 1990, qui est la première intervention de ce type à l'extérieur, puis en Afghanistan, sous bannière de l'OTAN dans les deux cas. Ce qui est sûr, c'est que c'est la première fois qu'il y a un tel engagement au Moyen-Orient, et surtout aussi rapide...

(3) Exact. Le président oublie la Finlande qui a fait un engagement identique voire supérieur à celui de la Suède

(4) Exact. De fait la Belgique attend aussi de voir préciser la demande français et le cadre d'action en commun (remplacement de Barkhane, pilier européen dans la Minusma...) pour aller plus loin. Elle a proposé d'engager un contingent de 300 personnels au Sahel.

(5) Le Danemark va, pour l'instant, vers un engagement dans la MINUSMA, déjà engagé et décidé au moment de l’invocation de la clause de solidarité (le vote au Parlement a eu lieu le 17 novembre). Il concourt certes au même objectif : la stabilisation du Mali. Mais on ne peut pas parler d’effectif ou moyens supplémentaires.

(6) Ce n'est pas ce nous avons perçu dans l'attitude italienne qui a été plutôt un 'non' poli. 'Nous sommes engagés ailleurs'. Une sorte de réponse du berger à la bergère. Rome n'a pas apparemment apprécié une légère obstruction française dans les discussions européennes pour la Somalie.

(7) Oui exact, il y a un débat à La Haye, également car il y a demande américaine pour s'engager davantage dans les frappes en Syrie

(8) Exact

(9) Très exact. Beaucoup de pays ont tenu très modestement à s'engager un peu plus notamment au Sahel.

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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