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Russes et Américains alliés objectifs en Syrie

(B2) L'apparition de Daech érigée en menace ultime a transformé la donne dans le Moyen-Orient. Malgré les apparences, Russes et Américains semblent aujourd'hui « alliés », chacun avec des fonctions différentes. Aux Russes, le soin de consolider le régime pour éviter sa chute brutale et l'installation d'un No man's Land propice à tous les radicaux extrêmes, mieux organisés sur le plan militaire. Aux Américains, et leurs alliés, le soin d'effectuer des frappes aériennes sur des objectifs de l'organisation de l'Etat islamique. Aux Iraniens (et aux Kurdes au Kurdistan irakien), le soin de combattre au sol en Syrie et en Irak.

Patiemment Moscou a attendu son heure. Et cette semaine à l'assemblée générale de l'ONU, Vladimir Poutine en personne devrait donner le «la». La Russie tient les fils d'un possible plan permettant de stabiliser la Syrie. Et elle entend en jouer. Ce qui est l'objectif primaire des différents pays, notamment européens. Bachar a, cyniquement, utilisé sa population, en la privant des moyens de vie essentiels (visant boulangeries, marchés, hôpitaux...), en les poussant à l'exil. Une politique de la terre brûlée qui paie...

Les soudaines et bruyantes révélations puisées à de « bonnes sources » d'augmentation des livraisons d'armes de la Russie vers la Syrie sont arrivés, à point nommé, pour remettre sur le devant de la scène l'assistance militaire russe. Mais elles n'ont pas empêché les rapprochements initiés par les différentes diplomaties. De fait, ces livraisons « n'ont pas cessé durant tout le conflit » a confié à B2 une autre « bonne » source. Si l'établissement d'une base aérienne à Lattaquié est un fait nouveau, et vient compléter la base maritime de Tartous remise sur pied en 2011, « nous sommes davantage dans le classique d'un contrat d'assistance militaire, visant à renouveler et recompléter un dispositif militaire ».

Le régime syrien, depuis le début de la guerre, a subi d'importantes pertes au niveau matériel (véhicules, hélicoptères...). Sa flotte d'hélicoptères, notamment, sur-utilisés nécessite d'être renforcée. Et, dans l'esprit d'une possible solution politique en Syrie, il n'est pas question que le régime de Damas, s'effondre trop rapidement pour laisser la place aux mouvements les plus extrêmes.

(Nicolas Gros-Verheyde)

(Maj 28.9 - Lire aussi sur l'Opinion, le commentaire de JD Merchet sur la Syrie, chemin de croix de la diplomatie française)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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