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La Turquie veut informer ses alliés de l’action contre l’Etat islamique

(B2) Une réunion exceptionnelle du Conseil de l’Atlantique Nord (NAC) en format ambassadeurs aura lieu mardi (28 juillet), après la demande de la Turquie de tenir des consultations au titre de l’article 4, a confirmé dans un communiqué de presse le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg.

La Turquie a, en effet, demandé la tenue de consultations, après les attentats de ces derniers jours, et pour informer les Alliés des mesures qu’elle a décidé de prendre. Les pays membres de l’OTAN « suivent de très près l’évolution de la situation et expriment leur solidarité avec la Turquie » indique le communiqué.

NB : Selon l'article 4, tout Allié peut demander des consultations chaque fois que, de l'avis de l'un d'eux, son intégrité territoriale, son indépendance politique ou sa sécurité est menacée. Cet article a été déclenché à plusieurs reprises, essentiellement par la Turquie : en 2003 sur le conflit irakien, et à deux reprises, en 2012, au début du conflit syrien notamment après la destruction d'un avion turc au large de la Syrie. La Pologne avait également saisi l'Alliance en mars 2014, pour donner l'alerte sur l'action de la Russie en Ukraine.

L'attaque de Suruc sème la fin d'un certain angélisme turc sur l'Etat islamique ?

Tout commence lundi (20 juillet) quand une attaque suicide fait 32 tués à Suruç, alors que des étudiants kurdes sont rassemblés au centre culturel pour participer à la reconstruction de Kobané de l'autre côté de la frontière en Syrie. Le gouvernement turc dénonce une attaque terroriste et met en cause l'organisation de l'Etat islamique (Daech / ISIL). Une mise en cause assez tardive. Le pouvoir turc ayant souvent eu une attitude compliquée avec cette organisation.

Mercredi (22 juillet), deux policiers turcs sont retrouvés morts, tués d’une balle dans la tête, à Ceylanpinar, ville frontalière avec la Syrie. Meurtre revendiqué par le PKK (parti des travailleurs du Kurdistan).

Réplique aérienne contre l'Etat islamique... et le PKK

Vendredi (24 juillet), la Turquie autorise l’armée américaine à utiliser ses bases pour mener des raids aériens vers la Syrie et l'Irak — concession tardive à l'offensive alliée contre ISIL. Elle lance également sa propre offensive aérienne contre l’Etat islamique en Syrie, et en profite pour frapper également les bases du PKK au nord en Irak. Le mouvement kurde réagit en indiquant que le cessez-le-feu en vigueur depuis 2013 est rompu. « Les conditions ne sont plus en place pour observer un cessez-le-feu » précise un communiqué du PKK. Près de 600 personnes sont arrêtées dans toute la Turquie.

Samedi (25 juillet), trois policiers et un civil sont blessés par des tirs « d'hommes armés non identifiés » dans le quartier Okmeydani d'Istanbul. Deux gendarmes turcs ont été tués et 4 autres blessés après que leur voiture ait été pris pour cible dans la région de Diyarbakır. Un poste de police est attaqué dans le quartier Bağlar de Diyarbakır sans victimes cette fois, etc.

Les raids aériens ont continué tout le week-end. Tous les congés des unités des armées turques ont été annulés, indique le quotidien Hürriyet, dimanche (26 juillet).

(NGV)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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