EUNAVFOR Med lancée lundi. Une opération “grandes oreilles” tout d’abord (maj)
(BRUXELLES2) Sauf surprise de dernière minute, L’opération européenne de lutte contre les passeurs et trafiquants de clandestins en Méditerranée (EUNAVFOR Med) va être lancée le 22 juin, par les ministres des Affaires étrangères de l'UE, mais uniquement dans sa phase 1 (comme annoncé dans notre édition "Pro" B2 Club, lire : L’opération EUNAVFOR lancée en phase 1 uniquement).
Du renseignement et de l'information
La phase 1 concerne uniquement le renseignement et échanges d’information. Elle ne nécessite donc pas de résolution du Conseil de sécurité des Nations-Unies ni d'invitation du gouvernement libyen. Deux décisions qui n'ont pu être obtenues à temps (ce qui était une gageure très difficile à atteindre). L'arraisonnement en haute mer de navires suspects et encore plus la pénétration dans les eaux territoriales libyennes est donc remis à plus tard. Mais tous les moyens de surveillance, "d'intelligence", d'analyse vont être employés assure-t-on du côté des militaires : des drones aux satellites en passant par les avions de patrouille maritime, voire des Awacs, jusqu'aux sous-marins, aux navires de patrouille équipées de toutes les possibilités d'écoutes (téléphoniques, radars, etc.).
Une décision sans débat
Pour éviter tout débat de dernière minute, au plan politique, l'accord va être entériné entre ambassadeurs et au sein du comité militaire. Il reste encore un certain nombre de détails à résoudre dans les derniers jours. Mais tout devrait être prêt d'ici dimanche. Ce qui permettra alors aux ministres d'entériner le lancement, sans discussion, en "point A" dans le jargon européen, lors de leur réunion à Luxembourg. (maj) Les experts et diplomates ont mis le turbo et réussi à boucler vendredi en fin d'après-midi tout le dispositif. Ils n'y passeront donc pas un week-end de plus.
Un pari gagné pour Mogherini... et pour Renzi
Quoi qu'il en soit La Haute représentante de l'UE, l'Italienne Federica Mogherini, aura ainsi gagné son pari : lancer une opération navale militaire en Méditerranée pour manifester la solidarité européenne en matière de lutte contre les trafiquants aux côtés de l'opération civile coordonnée par l'agence Frontex qui a un objectif plus clairement affirmé de secours et sauvetage en mer des migrants (lire notamment : Le sauvetage de milliers de migrants par les marines européennes continue). Elle offre à Matteo Renzi, le Premier ministre italien, de brandir une victoire. Car sur la question de la relocalisation des migrants, c'est beaucoup plus compliqué. Et les débats sont là beaucoup plus ardus qu'en matière militaire.
Une phase 1 à durée indéterminée ?
Reste à savoir combien de temps va durer la phase 1. Et, là est toute l'ambiguité - et le pari sur l'avenir de l'opération. Selon les experts militaires, elle devrait durer au minimum plusieurs semaines, au moins jusqu'à septembre, date prévue pour la pleine capacité opérationnelle de la mission. D'ici là, il faudra arracher aux Libyens et aux Russes leur accord, condition principale pour obtenir le feu vert du Conseil de sécurité à la seconde phase. Mais la présence dans les eaux territoriales libyennes et encore plus la possibilité d'y neutraliser des navires parait loin d'être acquise.
(Nicolas Gros-Verheyde)
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