Célébrons le 9 mai, oui. Mais pas avec n’importe qui…
(BRUXELLES2) Quelques dirigeants européens - notamment le président de la République tchèque Miloš Zeman - s'apprêtent à faire, dans un mois, 9 mai, le voyage de Moscou, pour célébrer les 70 ans de la fin de la Seconde guerre mondiale et de la victoire sur le nazisme. Cette célébration n'est pas cependant innocente, cette année. En pleine intervention déguisée dans l'Est de l'Ukraine, le Kremlin compte tirer de la présence d'un certain aéropage mondial, une certaine gloire.
Laisser le monopole de la célébration du 9 mai 1945 et de la victoire sur le nazisme à la Russie est une grossière erreur politique. C’est refaire l’histoire. Si l’armée rouge et les forces vives de l’URSS de l’époque ont incontestablement permis cette victoire, ils n’étaient pas seuls. Loin de là. C’est oublier l’effort important fourni par les autres alliés, Britanniques en-tête et Américains, durant toute cette guerre. C’est aussi passer sous silence le pacte Ribbentrop-Molotov qui a été un coup dans le dos, un acte de traitrise aux démocraties occidentales en permettant à Hitler à l’époque de se libérer d’un front possible.
La présence de plusieurs dirigeants européens à la tribune du Kremlin pour le défilé de l’armée rouge, est un acte politique négatif. Il n’est pas destiné à rendre hommage à l’histoire mais à célébrer une politique présente qui est revenu à l’âge de la confrontation entre deux blocs Est et Ouest. Les Européens auraient tout intérêt à se saisir de l’évènement, le 9 mai 1945, par ailleurs fête de l’Europe, pour célébrer à leur manière et de manière unie, ce qui fait l’essence même de l’Europe : la démocratie.
(Nicolas Gros-Verheyde)