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Des combattants “européens”. Il n’y a pas qu’en Syrie. En Ukraine aussi….

© RTBF
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(BRUXELLES2) C'est un phénomène, pour l'instant, moins massif et plus discret que les combattants "étrangers" (= "européens") partis combattre avec Daech ou les autres mouvements séparatistes en Syrie et en Irak. Mais un flux existe comme le prouve ce témoignage recueilli par nos confrères Aurélie Didier et Garry Wantiez, de la RTBF à Donetsk. Deux Français sont ainsi passés du côté pro-russe, via Moscou et Rostov-sur-le-Don.

Erwan est un ancien militaire. Il attend encore les instructions et espère travailler dans le renseignement et être affecté à un bataillon. « Lorsque la liberté est en danger, il est un devoir pour les peuples concernés de se défendre. Même au prix de la guerre » estime-t-il.

Cécile a 30 ans et est infirmière. Elle va être affectée à l'hôpital au centre de Donetsk au service de chirurgie thoracique. « Je pense que c’est ici que les victimes civiles sont le mieux prises en charge, c’est la république de Donetsk qui organise les couloirs humanitaires » explique cette Française à nos deux confrères belges. « L’Europe est actuellement représentée par une élite à Bruxelles qui est esclave des Etats-Unis. Je pense que la majorité du peuple européen se sent davantage représentée par la Russie, qui défend plus des valeurs de souveraineté nationale. »

Un mouvement à surveiller ?

Des exemples, comme cela, ne sont pas encore très nombreux. Mais ils sont surveillés d'un oeil, particulièrement dans les pays baltes ou de l'Est qui ont une minorité russophone. Actuellement le phénomène semble assez « minoritaire » à en croire certains observateurs, du moins dans les pays de l'Ouest, même si plusieurs personnes (de France, de Belgique, d'Espagne) ont été aperçus dans les rangs des séparatistes ou ont rejoint des bataillons de la Garde nationale ukrainienne (ex. le bataillon Azov). De plus, « nous avons affaire à une typologie de personnes différentes qu'en Syrie ou en Irak » m'affirme un spécialiste du renseignement qui se veut rassurant. Point de vue plus alarmiste chez un autre expert avec qui j'ai pu discuter. Ce sont souvent des personnes venus de milieux extrémistes (extrême-droite, un peu moins d'extrême gauche), « qui pourraient s'aguerrir ainsi au feu, et à leur retour dans nos pays, tirer profit de leur expérience sur place, pour rejoindre des groupes ou servir de vivier à des actions plus extrêmes » analyse un observateur des milieux militaires. Ils sont souvent (ainsi que le montre le reportage de la RTBF) dans une idéologie admiratrice d'un pouvoir fort, autocrate à la Poutine, et souvent anti-immigrés. « Nous aurions alors peut-être la (re)naissance de mouvements violents aux extrêmes (droite notamment) comme on en a connu en Italie dans les années 1980 (Bologne) ou en Allemagne. C'est à observer de près », juge-t-il.

(Nicolas Gros-Verheyde)

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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