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Prisons secrètes de la CIA. Les Etats européens doivent enquêter plus sérieurement dit Amnesty

(B2) Amnesty international, vient de dénoncer dans un rapport les pratiques de plusieurs pays européens qui ont collaboré avec la CIA, sur les sites de détention secret, mis en place pour traquer le terrorisme international sous le gouvernement Bush. Une pratique « plus répandue que ce qu'on a bien voulu dire » souligne l'organisation des droits de l'Homme qui épingle, exemples à l'appui du rapport américain du Sénat, 5 pays. Les enquêtes menées dans ces pays sont au point mort, ou plutôt « se poursuivent » sans vraiment de résultat.

Les gouvernements européens doivent enquêter plus sérieusement

Une situation que veut dénoncer Amnesty. « Les gouvernements européens impliqués dans les opérations de la CIA contre le terrorisme doivent mener de toute urgence une enquête efficace et de grande ampleur, et réformer les lois, politiques et pratiques ayant rendu possibles de tels agissements, à la fois cruels et illégaux » estime Julia Hall. « Toutes les personnes responsables d'actes de torture et de disparitions forcées sur les territoires des États européens doivent être inculpées au pénal et rendre des comptes à l'issue d'un procès équitable. Les victimes de torture doivent obtenir justice ».

Site "Blue" en Pologne : enquête en cours

Deux anciens fonctionnaires polonais ont finalement admis que la Pologne avait accueilli un site de détention secret de la CIA. Le rapport du Sénat fait référence au « Detention Site Blue » et fournit des détails sur le site qui concordent avec des informations publiques visant un site secret de la CIA en Pologne. Il complète ainsi deux décisions de la Cour européenne des droits de l'homme émises en juillet 2014, selon lesquelles la Pologne était complice du programme secret de « restitution » et de détention secrète des États-Unis. Parmi les exemples de « techniques renforcées d'interrogatoire », il a été mentionné qu'un ou deux hommes ont subi des simulacres de noyade, des simulacres d'exécution avec une arme non chargée, des menaces de mutilation à la perceuse, et des menaces d'agression sexuelle contre la mère de l'un des détenus. L'enquête criminelle en Pologne, lancée en 2008, « a été retardée à plusieurs reprises et est toujours en cours ». La faute aux Américains selon Varsovie. Un responsable polonais a déclaré à Amnesty International que « le gouvernement américain a ignoré un certain nombre de demandes d'informations nécessaires à l'enquête ».

Site "Black" en Roumanie : faire plaisir aux Américains pour adhérer à l'OTAN

En Roumanie, après des années de dénégation, l'ancien chef du service roumain des renseignements et conseiller en matière de sécurité nationale du président de l'époque a admis que les Renseignements roumains avait permis aux États-Unis d'ouvrir un ou deux centres de détention dans le pays, dénommé "Detention Site Black" dans le rapport du Sénat US. Il a expliqué cette coopération par le fait que la Roumanie était candidate à l'adhésion à l'OTAN. Ka Roumanie aurait reçu des millions de dollars du gouvernement américain. Les autorités roumaines ont déclaré avoir ouvert une enquête et demandé une version complète, non expurgée, du rapport du Sénat.

Site Velvet en Lituanie

Après la publication du rapport du Sénat, un parlementaire précédemment chargé d'enquêter sur des allégations concernant l'existence d'un site secret a reconnu que le rapport indiquait que des détentions avaient effectivement eu lieu en Lituanie. Un groupe de députés lituaniens a déposé une motion au Parlement pour établir une nouvelle commission d'enquête sur la participation de la Lituanie aux opérations de détention secrète de la CIA.

Royaume-Uni : l'allié le plus important

Le Royaume-Uni était « sans doute l'allié le plus important des États-Unis dans les opérations de contre-terrorisme mondial de la CIA ». Le rapport du Sénat contient une référence à l'implication possible du Royaume-Uni dans les opérations secrètes de détention et d'interrogatoire : la torture de l'ancien détenu de Guantánamo Bay, Binyam Mohammed. Est-ce que Diego Garcia (territoire britannique dans l'Océan Indien) a été utilisé comme point de transit ou lieu de détention dans le cadre de « restitutions », se demande Amnesty qui se plaint de l'absence d'enquête réelle. Même si le Premier ministre David Cameron a affirmé que « le Royaume-Uni enquêtait sur les allégations selon lesquelles ses agents ont été impliqués dans des tortures et des mauvais traitements infligés à des détenus étrangers hors du territoire britannique », cette affirmation « ne résiste pas à l'examen » selon Amnesty International. « L'enquête menée par le comité des renseignements et de la sécurité du Parlement n'est pas indépendante » et ce travail est « bridé du fait que le gouvernement disposait d'un pouvoir discrétionnaire absolu sur la divulgation des informations au nom de la sécurité nationale ».

Fyrom Ex-République de Macédoine et Allemagne

La torture et la disparition forcée du ressortissant allemand Khaled el Masri alors qu'il était détenu par les Américains a donné lieu à une décision de la Cour européenne des droits de l'homme en 2012. Mais « le gouvernement macédonien n'a fait aucun commentaire sur le rapport et n'a pas encore appliqué (cette) décision ». Le gouvernement allemand n'a pas non plus « enquêté efficacement sur son propre rôle dans les opérations de la CIA, ni demandé l'extradition des États-Unis de treize anciens employés de la CIA soupçonnés d'avoir été impliqués dans la « restitution » de Khaled el Masri ».

(NGV)

Lire aussi : Détentions secrètes de la CIA. Les eurodéputés demandent la réouverture d’enquêtes dans 8 pays

Nicolas Gros-Verheyde

Rédacteur en chef du site B2. Diplômé en droit européen de l'université Paris I Pantheon Sorbonne et auditeur 65e session IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale. Journaliste depuis 1989, fonde B2 - Bruxelles2 en 2008. Correspondant UE/OTAN à Bruxelles pour Sud-Ouest (auparavant Ouest-France et France-Soir).

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